Lettres non envoyées et récits d'une bête sauvage

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Matteo
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Re: Lettres non envoyées et récits d'une bête sauvage

Message par Matteo » ven. nov. 05, 2021 9:05 pm

Combien de temps ? Combien de temps depuis la première transformation ? Cette toute première fois, où sans comprendre ce qu’il lui arrivait, il avait cédé à cet étrange appel qui le prenait aux tripes. Trois ans... Trois longues années. Etait-ce là une punition pour ce qu’il avait fais dans son monde ? Il y avait songé, mais quand bien même il s’en voulait, il trouvait cher payer d’avoir perdu sa marque en plus de ça. Encore un tour de son frère ? Il était doué pour lui gâcher la vie, très doué. Alors après tout, pourquoi pas ?



Il ne disait plus rien, les yeux baissés, toujours révolté dans son âme et dans sa chair, devant ce désir incessant de tuer, n’obéissant qu’avec dégoût à ce besoin, résigné, mais humilié, voyant là quelque chose bien plus que bestial, de dégradant. Couvert de sang, ayant repris sa forme humaine, il n’osait plus bouger. Du sang encore chaud coulait de ses lèvres, et il ne parvenait pas à recracher les restes de fourrure qui étaient encore coincée dans sa bouche. S’il restait là, immobile, en n’y pensant pas, peut-être que tout disparaitrait comme par enchantement ? Et c’est quand il se mit à vomir que la réalité revint le frapper en plein visage.





Combien de temps ? Combien de temps depuis le début du travail d’Adrastreia sur lui et son ressenti sur son don ? Un an et trois mois. Encore aujourd’hui, elle était l’une des sources essentiel à l’acceptation. Dès lors rencontre, elle avait su qu’il n’était pas comme les autres Humains. Elle avait su qu’il se battait contre lui même, se refusant à voir ce qu’il était vraiment. Et si elle ne l’avait jamais forcé à lui dire quoi que ce soit, étrangement, il lui avoua assez rapidement qu’il était terrifié à l’idée de devenir un monstre, et de faire du mal à quelqu’un.Chaque fois qu’ils étaient seuls, elle avait pour habitude de lui retirer son cuir délicatement, et elle n’avait eu de cesse de le rassurer.



« Je n’ai pas peur de toi Matt’. Je sais que tu ne me fera jamais de mal. » Elle avait beau lui répéter souvent, cette phrase lui faisait toujours le même effet. Celui que l’on peut décrire comme les papillons dans le ventre. Il plongea son regard dans le sien, et ils se regardèrent avec une telle intensité, qu’il n’était pas nécessaire de dire quoi que ce soit d’autre à cet instant. Dans un mouvement commun, ils s’embrassèrent, jusqu’à en perdre le souffle, la notion du temps. S’ils étaient doué pour se disputer, ils l’étaient encore plus pour s’aimer.



Combien de temps ? Combien de temps depuis les premiers meurtre ? Neuf mois. S’il était clair qu’il ne faisait que se défendre, cela restait des meurtres. C’était ce qu’il avait toujours redouté. S’en prendre aux animaux était une chose acceptable, après tout, des centaines étaient sans doute tué chaque jour afin de nourrir la population des Cités. Mais s’en prendre à un être Humain, c’était la limité qu’il s’était promis de ne pas franchir. Adrasteia lui avait donné l’espoir que ça n’arriverait jamais, qu’il serait en mesure de se contrôler, mais il avait échoué. Ca y’est ? Etait-il devenu un monstre à présent ?



Il regardait les trois corps autour de lui, impassible. Il avait imaginé bien des choses sur ce qu’il serait amener à ressentir le jour J, et il avait eu tout faux. Il avait aimé. Oui, aimé au point que sur l’instant, il n’avait éprouvé aucune honte, simplement un plaisir intense de se sentir si puissant l’espace d’une seconde. Etais-ce l’adrénaline qui l’excitait autant ou le fait d’avoir ôté des vies ? Ses pupilles étaient dilatées, ses muscles contractés, semblable a un adolescent qui se serait secoué la nouille pour la première fois. Cela aurait pu en rester là, ne jamais avoir de conséquence, mais l’image d’Adra lui vint soudainement. Par les Dragons, qu’allait-elle penser de tout ça ?



Combien de temps ? Combien de temps depuis l’acceptation totale ? Bizarrement, cela s’était fait sans qu’il ne s’en rende vraiment compte. Etait-ce sa mort qui avait tout changé ? Les Abysses avaient-ils débarrassé son âme de ce poids ? Durant des années, il avait vu sa capacité à se transformer comme une malédiction, et non comme un don. Durant des années, sa forme animal n’avait été qu’une extension, un outil de sa colère, une façon d’évacuer sa rage. Durant des années, il l'avait caché aux yeux des autres. Mais un jour, il fut réellement fatigué d’avoir honte de ce qu’il était. Depuis son retour d’entre les morts dans son nouveau corps, il n’avait plus porté son cuir sur le visage et force est de constaté qu’il n’avait attaqué personne.



La nuit était déjà tombé depuis plusieurs heures quand il quitta la Cité des Glaces ce soir. Capuche sur la tête, cape sur le dos, il se dirigea vers le cimetière qu’ils avaient crée avec Adra après l’attaque de la Cité. Il s’accorda un instant pour regarder chaque tombe, leur rendant un hommage silencieux, puis il s’en écarta de quelques mètres. Posant les genoux à terre, il fouilla son sac pour en sortir son ancien cuir, qu’il posa à ses côtés. Lentement, il commença à creuser un trou devant lui à l’aide de ses mains. Le sol était gelé, ce qui rendait sa tâche d’autant plus difficile, mais ce rituel avait une symbolique pour lui. Il creusa sur plusieurs dizaines de centimètres de profondeur et largeur, jusqu’à ne plus sentir ses doigts. Sans aucune hésitation, il se saisit de son cuir, avant de le déposer dans le trou. Il remis la terre en place, la tassant, avant de finalement lever le nez et pousser un long rugissement bestial. Cela pour signé la fin d’un ancien temps. Comme répondant à un appel, les bêtes de la Cité se firent elles aussi entendre. Son ancien corps n'avait jamais refais surface, alors enterrer son masque était une façon de faire le deuil du Matteo qu'il avait été, et laisser enfin place au nouveau. Vivre dans le corps d'un autre n'avait jamais été chose aisé pour lui, mais en cette soirée, il avait décidé d'enfin se l'approprié.



Quand il se promenait avec sa fille dans les bras au coeur de la ville, il se plaisait à lui dire que les animaux étaient les anges de ses terres. Et même si elle était bien trop petite pour comprendre l’importance de ses mots à ses yeux, elle s’agitait toujours devant les tigres blancs de la place centrale, réclamant à sa façon de pouvoir glisser ses petites mains derrière leurs oreilles. Il avait toujours eu une certaine appréhension à montrer à son fils sa forme animal, mais l’heure était venu pour lui de savoir que son père était, tout comme sa mère, différent des autres. Il avait enfin réalisé que la folie était le propre de l’homme, non de l’animal. De ce fait, il n’avait plus aucune raison de renier ce qu’il était vraiment. Une bête, et non un monstre.


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Matteo
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Re: Lettres non envoyées et récits d'une bête sauvage

Message par Matteo » sam. nov. 20, 2021 9:53 am

Revenir ici lui tordait un peu l’estomac... Ses pas étaient presque comme au ralenti, le pont de bois craquant sous son poids. Il finit par s’installer, déposant devant lui une bougie allumée, ainsi qu’une bouteille de sang et de la viande cru. Ses derniers jours, son côté bestiale l’avait rendu vorace, avide de chasse. Non pas que cela lui ai posé problème, mais il avait besoin d’un instant de calme.

Pourquoi ici, et pourquoi maintenant ? Bonne question... C’était sans doute là un lieu neutre, où il savait qu’il se sentait bien. Le bruit du remous de l’eau avait un effet apaisant, et l’espace d’un instant, sa colère fut effacée. Il ferma les yeux ce qui lui sembla être simplement quelques secondes, et quand il les ouvrit de nouveau, sa bougie était proche de la fin. Le ciel était sombre , l’air plus frais. Le froid n’avait jamais été un soucis pour lui et pourtant, il frissonna un peu. La fatigue avait la fâcheuse tendance de jouer avec ses sens.

Il fouilla sa poche, et en extirpa une lettre. Il la parcouru des yeux, la lisant à plusieurs reprises. Dans quel but ? C’est comme s’il cherchait a en mesurer l’impact. Certains mots et passages semblaient résonnait bien plus fort que les autres.



« Torturer... Sang sur les mains... Danger... Egoïste... Je me sens mal... La paix... »
Comment sait-on quand on s’est suffisamment battu pour une chose ? Comment sait-on quand il est temps de lâcher prise, d’abandonner ? On a parfois beau faire de son mieux, ça n’est jamais assez. Et s’il était l’heure de baisser les armes ?


Il approcha le papier de la flamme, et après un instant d’hésitation, le fit brûler jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien. Il s’autorisa à soupirer longuement, avant de se redresser. Il laissa tout en place et fit demi tour. Il se faisait tard, il était temps de rejoindre ses enfants.

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Message par Matteo » dim. déc. 26, 2021 7:59 pm

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« Respire... »

Depuis qu’il avait retrouvé le corps d’Adra à la Cité, sa vie avait pris un rythme effréné. Il devait jongler entre elle, les enfants, ses obligations, et ses projets en court. Durant les premiers jours, il en avait oublié de manger, de dormir, se vidant petit à petit de son sang dans l’espoir de lui faire boire. On lui avait dis qu’il n’y avait sans doute plus rien à faire, qu’elle était sûrement morte pour de bon cette fois. Mais comment savoir quand un Vampire est vraiment mort, si ce n’est quand son corps part en fumée ? Il avait refusé d’y croire, refusé d’abandonner. Il se refusait a accepter que la Déesse avait décidé que sa vie s’arrête là, alors il ferait tout son possible pour s’assurer qu’un autre chemin était envisageable. Il n’avait pas su sauver Pria, il était hors de question qu’il échoue avec sa femme aussi.

« Respire... Respire... »


Les journées lui semblaient interminables, et il restait à l’affut du moindre signe de vie de sa part. Naël commençait à poser des questions, mais que répondre à un enfant si jeune ? Il n’avait trouvé qu’à s’emporter et hausser la voix sur son fils, qui s’était finalement réfugié dans sa chambre. Il n’avait pas souvenir qu’avant ça, il lui ai déjà crié dessus. Il était épuisé, malheureux, mais étais-ce vraiment une raison pour s’en prendre à lui ? A l’heure du couché, il se faufila dans sa chambre pour s’excuser, lui embrasser le front et le border.

« Respire... ! »


Si aujourd’hui, elle reprenait peu à peu des forces, et avait parfois des phases de consciences, elle restait fragile, et il la surveillait comme de l’huile sur le feu. Elle refusait à présent qu’il la nourrisse de son sang, et lui demanda de repasser aux bonnes vieilles bouteilles. Même s’il ronchonna, au fond il était rassuré qu’elle se sente assez en forme pour lui donner des ordres. Après ça, les jours passaient et se ressemblaient, et il n’osa pas lui parler de ce qui se passait à l’extérieur, ni même la questionner sur ce qui c’était passé. Il avait eu le temps de se faire son idée, mais il voulait malgré tout des réponses. Et s’il ne voulait pas la brusquer en le lui demandant directement, il savait ce qu’il pouvait tenter. La vision.

« Putain... Respire... »


Il en avait eu des idées de merde dans sa vie, mais celle-ci rentrait sûrement dans le top trois. Forcer une vision pour vivre les instants d’une personne torturée, il fallait être vraiment con, ou un peu maso sur les bords. Il était mort une fois, et il trouvait clairement qu’il avait moins souffert qu’elle. Après tout, c’était le but non ? Jouer avec elle jusqu’à ce qu’elle en vienne à supplier d’en finir, de mourir.

« Respire, respire ! »


Le réveil fut brutal, douloureux. Il tenta de se redresser, mais finalement, ne pu que tomber du lit en une tentative désespérée de s’échapper. Il avait cette sensation que son corps ne lui appartenait plus, comme coincé entre la réalité et un restant de sa vision. Rassemblant ses forces, il se traina jusqu’à la porte de la chambre. Il semblait manquer d’air, suffoquer, et chacun de ses mouvements lui coutait un peu plus à chaque fois. Il avait beau se l’ordonner à lui même, il ne parvenait pas à retrouver sa respiration. Arrivé à l’embrasure de la porte, il s’aida de la poignée pour se redresser, le corps lourd, puis profitant de son poids, il s’extirpa de la chambre.

« RESPIRE PUTAIN ! »


Il n’eu le temps de faire que deux pas, avant de s’écrouler à genoux, et de vomir le peu qu’il avait avalé juste avant. Qui aurait cru que dégobiller lui permettrait de faire de nouveau rentrer de l’air dans ses poumons. La première bouffée lui brûla les poumons au point de lui arracher un puissant grognement de douleur, qui brisa le silence de la maison. Il ne parvint à faire que quelques mètres de plus avant de ne sombrer dans les limbes de l’inconscience.

« Papa ! Y t’arrives quoi ?! Réponds moi ! »

La voix de Naël et les pleures d’Amicia le tira de sa torpeur. Quand il ouvrit les yeux, son fils était agrippé à lui, l’air paniqué, les larmes aux yeux, prêt à fondre en sanglot. Après quelques secondes, il constata qu’il était de nouveau maître de son corps, et il se redressa lentement pour s’asseoir, prenant Naël dans ses bras.

« Je vais bien... Désolé si j’t’ai fais peur p’tit prince. Allons voir ta sœur. »

Le gardant contre lui pour le rassurer, il l’emporta jusque dans la chambre d’Amicia, où ils passèrent finalement tous le reste de la nuit, les deux petits accrochés à leur père, comme des koala à leur branches. Leurs contacts lui fit oublier tout ce qu'il avait pu ressentir avant.

« Contrôle toi... Ne fonce pas tête baissée... Tu le retrouveras... Et il paiera... »

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Matteo
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Re: Lettres non envoyées et récits d'une bête sauvage

Message par Matteo » mar. févr. 08, 2022 8:15 pm

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Installé en vrac à même le sol, un livre imposant sur les genoux, il promenait son regard entre son reflet dans le miroir en face de lui, et les lettres qu’il avait écrit et dissimulé dans ce livre qu’il ne touchait jamais. Un mot y revenait souvent, « hanté ». Etais-ce là, la réponse à ce nouveau mystère ? C’est elle qui l’avait prévenu du changement de couleur de son oeil, suite à cette étrange nuit qu’il avait vécu. Lui qui n’avait pas pour habitude de prendre le temps de s’admirer dans la glace, il aurait sans doute mis une éternité à s’en rendre compte tout seul. Pourtant, malgré ça, il ne se sentait pas différent. Ou tout du moins, rien qui ne soit vraiment significatif.
Un frisson...

Depuis son retour à la vie, il n’avait pas retrouvé tout ses souvenirs passés, et ça ne le dérangeait pas plus que ça. Parfois, il y a des choses dont on voudrait ne plus se souvenir, lui avait cette chance ! Mais s’il y avait bien une chose dont Adra lui avait parlé dès le début, c’était son frère, et l’emprise qu’il avait sur lui. Avec le peu qu’il en savait, il s’était toujours refusé à en apprendre trop. Qui voudrait se remémorer tant de souffrances ?
Un frisson...

Il continuait de parcourir le papier des yeux, comme coupé du monde, quand quelque chose lui sauta aux yeux. Depuis sa mort, il ne l’avait plus revu, plus entendu. Il n’avait plus cette sensation d’être surveillé, comme il l’avait écrit. Mais pour une raison qu’il n’expliquait pas, il était persuadé qu’il y avait un lien entre son frère, et son oeil. Après tout, il l’avait mis noir sur blanc, son frère avait tout prévu dès le début, pour lui pourrir la vie.
Un long frisson...

Les bruits en cuisine et la voix des enfants le ramena à la réalité. Il leva le nez, cacha de nouveau les lettres dans son livre, avant de le balancer sous le lit. Il se laissa tomber en arrière en soupirant un peu. Pourquoi s’inquiéter après tout ? Il allait bien !


« Je t’ai manqué ? »

« Putain... Fais Chier... »

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Re: Lettres non envoyées et récits d'une bête sauvage

Message par Matteo » ven. mars 04, 2022 4:36 pm

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Un esprit occupé est un esprit qui ne se torture pas.



Il venait tout juste de réussir à endormir les enfants, quand il s’installa à son bureau. Si les journées se passaient bien, depuis l’enlèvement de leur mère, les nuits étaient parfois plus compliquées. Comment les en blâmer ? Les passage à vide du soir étaient compliqués pour lui aussi. Même s’ils ne discutaient pas toujours, il savait qu’elle était là. Qu’au moindre problème avec les petits, elle aurait la solution. Elle avait toujours réponse aux maux de ses enfants. Mais depuis ce soir là, le silence qui régnait une fois la nuit tombée le rongeait de l’intérieur. Il ne cessait de se repasser les évènements en boucle dans sa tête. Retrouver ses enfants dans un tel état lui avait arraché le cœur, et se rendre compte de ce qui c’était passé lui avait coupé les jambes un long moment, le figeant sur place, les petits dans ses bras. Etais-ce un pur hasard que tout ça arrive juste quand il était absent, ou bien étais-ce calculé ? Aurait-il pu seulement l’empêcher s’il avait été présent ? Encore des questions qui resteraient sans réponses...

Il se frotta quelque peu le front, soupirant en constatant que le mal de crâne s’invitait de nouveau. S’occuper, il devait s’occuper. Ne plus penser, ne plus divaguer. Concentrer son esprit sur une activité était pour lui la seule façon de ne pas faire de connerie. Il se saisit de son tout nouveau kit de suture, et l’ouvrit devant lui. Il y avait déjà une petite poignée de semaine qu’ils avaient commencé ses leçons, et que de ce fait, il s’entrainait régulièrement à faire des sutures comme elle lui avait demandé. Il avait toujours plus ou moins eu les bases des soins, mais il avait bien conscience que s’il se retrouvait face à une blessure un peu importante, il se serait vite dépassé. C’est pour ça qu’elle s’était proposé de l’aider à parfaire ses compétences. Même s’il savait qu’elle le faisait plus pour payer une dette qu’elle pensait avoir, que par plaisir, il s’en contentait.

Il devait s’entrainer sur des fruits pour l’instant, et si les débuts s’étaient avérés catastrophiques, depuis qu’elle avait pris le temps de lui faire une démonstration, il s’était amélioré. N’étant pas connu pour être des plus tendre avec lui même, il gardait toujours un ou deux fruits de la veille, pour se forcer à constater si progrès il y avait. Au fil des jours, et malgré ses grosses patounes, il avait gagné en dextérité, et en était même venu à être plutôt fier du résultat. Pourtant, il continuait de s’entrainer. Heureusement que les enfants n’étaient pas allergiques aux fruits, parce son travail avait pour conséquences qu’ils en avait tous une sacrée quantité à manger ! Ce soir là, il passa encore plusieurs heures à recoudre des oranges et des bananes, avant de s’attaquer à la lecture du livre sur l’anatomie qu’elle lui avait laissé.


« Tes soirées sont chiantes en ce moment... On pourrait pas sortir plutôt ? »
« Ne répond pas Matt’... »

« Oh allez ! Fais pas ta tête de con ! »
« Concentre toi sur ton bouquin... »

« Comme tu voudras ! Mais tu me connais, ça se paiera. »


Les pleures d’Amicia lui fit quitter son livre des yeux et il se redressa précipitamment. Ses derniers jours, la petite était malade, et ses compétences d’herboristes s’arrêtaient aux drogues... Sans un bruit, il se faufila dans sa chambre, et se glissa à ses côtés, lui murmurant des mots apaisant. Dans une infinie douceur, il l’enveloppa des ses bras, et la serra tendrement contre lui. C’est sous ses papouilles qu’elle parvint à se rendormir, ses petites mains accrochées à sa barbe comme à un doudou. Il n’eu pas le courage de bouger après ça, et s’autorisa à sombrer avec elle.

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