Le loup solitaire [BG Corwyn]

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Jax
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Le loup solitaire [BG Corwyn]

Message par Jax » mer. mars 28, 2018 4:24 pm

Le loup Solitaire.
Les hivers étaient rudes sur les terres orientales dans mes souvenirs. Mais, je n'étais pas à plaindre. Fils de la noblesse locale, dont le père était dans les hautes sphères de la capitale, nous ne manquions de rien. Nous étions quatre enfants au départ. Ma petite sœur ne vécut que deux petites semaines. Je n'ai en souvenir d'elle qu'un morceau de son drap, qui pue la mort ne voulant pas le laver. Quelle idée débile. Nous avons donc grandi à trois. Jax mon aîné. Voué à la même carrière militaire que mon père. Formé et éduqué dans la pure ligné de la noblesse humaine. Chiant à mort donc. Au milieu, c'était moi. Corwyn. Le fils terrible de la famille. Le seul à n'avoir jamais fait mon deuil de ma sœur à l'époque. Je me suis réfugié dans la religion familiale. Pas par goût, ou conviction. Parce que c'était comme ça, rien d'autre. J'y ai trouvé un mentor bien étrange. Petit à petit je suis rentré dans sa perversion. Le mauvais côté, je suis devenu aussi très violent. Régulièrement, lors de nos entraînements, je dépassais les limites et je m'en prenais à Jax à mains nues. J'étais pas très loin de l'adolescence normalement mais, je devais être en avance sur ce point...
Puis, il y avait mon petit frère. Ahikiyn. J'aurais pu lui demander de sauter d'un pont. Il aimait ma rébellion constante envers notre noblesse, le fait qu'on ne soit pas sur le champ de bataille face aux graciens. Durant nos repas, souvent cela finissait en cris à ce sujet. J'en étais toujours le responsable. Mon père n'avait jamais de bons arguments. Il n'avait plus grand chose en fait. C'était ma mère qui le tenait debout. Un ange dans une famille de démons. Ahikiyn qui rigolait de tout, sachant que je lui en ai fait voir avec mon mentor, étant presque possédé avec son rire. Et ma mère savait toujours nous sourire. Quand l'air était électrique, que l'ambiance était proche du chaos, il suffisait qu'elle croise votre regard pour qu'elle vous fasse son plus beau sourire. Celui qui vous fait perdre pieds tellement il est en défaut avec la scène qui se déroule...

C'était notre belle famille merdique à l'aube de mon adolescence. Jax est parti faire ses classes dans l'armée des sous-officiers, comme c'était prévu. Ahikiyn montrait de grandes facultés intellectuelles. Il allait vers ses onze ans. Et moi je sombrais. Je découvrais le chaos dans le cul Kaïniste. Je m'y suis perdu dans les méandres de sa folie. Et cela m'a excité. Cela m'a donné envie de peu dormir. Jour après jour je m'éloignais des préceptes de ma famille. Je maniais les épées assez bien, mon père voulait faire de moi un chevalier d'Elmoraden. Mais, j'étais bien plus intéressé par les plaisirs de la chair et sa perversion dans tous les sens du terme que ces conneries là.
J'étais tellement dans mon monde, que je ne l'ai pas vu tout de suite. Mais, sa maladie progressait vite, elle devint fatiguée et de moins en moins souriante par manque de force. Deux mois, il n'en fallut pas plus pour qu'on aperçoive le dernier se dessiner sur ses lèvres. Ma mère s'était éteinte, mon père avec...
Il n'a pas su, pas pu gérer son départ. Il s'est mis à boire. Trop, beaucoup trop. Un soir, je lui ai dit, assez franchement à table. Jax était là, il allait intégrer bientôt ses nouvelles fonctions au sein de l'armée. Je suis allez plus loin que je n'aurais voulu. Je n'ai pas su m'exprimer. Et, j'ai finis par lui dire que c'était sa femme qui portait ses couilles vu l'état où il était aujourd'hui. Il n'a su que me répondre que je ne serais rien sans cette famille que je lui devais tout à commencer par le respect. J'ai vu son regard se remplir de larmes. Ca m'a dégoûté. Je me suis levé et avancé doucement vers lui. Je me suis collé à son visage à quelques centimètres. Jax était déjà debout près à me sauter dessus. Ahikiyn commençait à rigoler en me regardant, j'imagine, avec inquiétude. J'ai fixé ses yeux mouillés avant de lui dire doucement et, avec calme, malgré une lueur plus que menaçante, laissant échapper les mots entre mes dents serrées de plus en plus fortement;

- Je n'ai besoin de personne. Je suis un loup solitaire, s'il faut mourir demain, soit, je rejoindrais mon véritable Père. Pas celui qui fait éduquer ses fils avec de belles phrases ou principes et, qui devient une loque humaine dans la douleur. Pas celui qui se prend pour le patriarche d'une famille, alors qu'il n'est pas foutu d'aller au front se battre pour leur liberté face aux graciens. Pas celui qui ose prétendre me dire ce que je peux ou ne peux pas faire alors qu'il n'est pas foutu de savoir lui-même comment se gérer sans se bourrer la gueule...

Vers la fin de ma phrase, le silence avait remplit la pièce. Je m'étais éloigné de lui, pour partir récupérer quelques affaires. Jax est apparu dans ma chambre.Prenant son temps avant de parler avec calme.

- Tu es allé trop loin mon frère... Notre père l'aimait comme il n'a jamais aimé quelqu'un. Tu ne peux pas le comprendre. Connais-tu l'amour ? Celui qui fait que tu pardonneras tout, contre de la loyauté et de la franchise ? Bien sur que non. Tu connais quoi toi ? La baise. Le sang. Tu nous as tous enterré avec Lucie...

La phrase de trop...
il avait malgré tout raison sur toute la ligne. Mais, sur le moment, je lui ai sauté dessus. Quand il finit par abdiquer, la chambre était détruite. Ahikiyn devant la porte d'entrée, depuis sûrement un petit moment, avec la bouche entre-ouverte. J'étais très affaiblis, Jax m'avait bien défoncé la tête aussi. Mais, j'étais plus hargneux, plus vif que lui. Et, surtout bien plus énervé que lui ce soir là.
J'ai fini de préparer mes affaires avec difficulté, sans un mot le laissant au sol reprendre son souffle. Puis, juste avant de quitter la chambre, déposant un baiser sur le front de mon petit frère, lui promettant de lui écrire, je l'ai regardait en libérant mes mots ;

- Je n'ai enterré personne avec notre petite sœur... Mais, je ne l'ai jamais oublié mon frère, contrairement à vous. Deux semaines... Deux ans... Deux siècles... Elle était notre sœur. Pas une plante verte qui s'est fanée. Je suis le virus de cette famille pour toi ? Bien. Je me casse, je vais faire ce qu'il faut pour survivre. Si j'y parviens, je reviendrais vous voir qu'à vos funérailles, bande de cons. Kaïniste en carton...
Quand je me suis écroulé et je suis devenu un lâche dans l'alcool ou en me rendant esclave d'une armée pour ne plus avoir à penser ? Qui dans cette putain de famille noble de merde, à part notre mère, à su ne pas fuir pour juste prendre et encaisser? Juges-moi mon frère tant que tu veux. Mais, oses reparler de notre sœur encore une fois et je...

Je n'ai jamais pu redire son nom depuis sa mort. Je ne sais pas pourquoi. J'étais près à tuer mon propre frère à ce moment là. Et, je suis parti le plus loin possible des terres orientales. Je devais avoir treize ans, peut-être quatorze. Mon aîné était plus choqué qu'autre chose. Il avait six ans de plus que moi. Mais le véritable souci fut mon attitude durant la soirée. Un démon, une furie...


J'ai vécu jusqu'à mes seize ans en travaillant dans des fermes, ou en volant des gens, parfois, je les détroussais, parfois.. Ca dérapait. Je suis resté en contacte avec mon petit frère comme promis. On s'écrivait régulièrement. J'ai appris que mon père continuait de boire et qu'il ne sortait pratiquement pas de nos terres. Jax fut donc dans l'obligation d'aller vivre sur Aden pour représenter notre famille. Ils ne s'entendaient plus eux non plus. Et, au beau milieu de tout ça, Ahikiyn. L'esprit éveillé de la famille, dont j'étais, en fin de compte, le seul à me soucier malgré la distance.

J'ai rencontré à cette époque un faussaire. Il m'a fait une fausse identité. C'est ainsi que j'ai pu rejoindre l'armée. Je ne voulais pas utiliser ma noblesse pour connaître les places privilégiées.
Après mes classes, je me suis retrouvé dans une section d'intervention, grâce à ma formation et mon habilité aux épées. Mais, là encore, je me sentais loin du conflit contre les graciens. Après avoir encaissé un refus de mutation, j'ai décidé de forcer la balance en ma faveur à ma deuxième demande. Je l'ai accompagné d'un arrêt de travail pour mon supérieur d'un mois, du à un souci après une chute malheureuse dans les escaliers alors qu'il croisait mon chemin. Forcément, moi qui voulait être au front, j'allais être servi. Premières lignes. Si ces connards savaient qui j'étais, ils viendraient en courant me lécher les couilles pour me sortir d'ici. La plupart était des combattants avec des boucliers. Je me suis entraîné avec eux. Bien que j'ai eu régulièrement du changement niveau partenaire. Revenir d'un assaut est déjà un exploit. Alors entier. Ceci dit, cet apprentissage n'avait qu'un seul but ; Créer des liens avec les mecs autour de moi. Si l'envie, le lendemain, de se prendre une flèche à ma place pouvait leur prendre, grand bien leur fasse. Ca serait toujours ça de prit. C'est immoral de penser ça ? Ou est la moralité quand on ordonne à des gens d'aller contre un mur ou jaillit la mort et uniquement celle-ci, juste pour, tester l'ennemi ou faire diversion ? Ou est la morale quand, pour survivre, on doit faire le mort sous les cadavres de ceux qui ont connu la ruée à l’agonie? Qu'on ne me parle pas de morale. Pas à moi...

Avec le temps, je me suis fait remarquer par des gradés. Ils m'ont sorti des lignes. J'étais déjà sergent et je commandais une faction durant les assauts voués à échouer d'après moi. Ma grande gueule et mon manque de savoir faire niveau dialogue fut compliqué à gérer la plupart du temps. Ceci dit, ils appréciaient mon point de vue, concernant le fait, qu'il fallait connaître nos chances de victoires avant chaque combat. Une vision idéologique d'après la plupart. Alors qu'en fait, il s'agit de survit. Ils ne tiendraient pas deux semaines en premières lignes. J'étais quand même assez bien, nommé rapidement lieutenant. Toujours pour mes actions sur les champs de batailles. Et puis, J'ai reçu une lettre de mon père...

Ce ne fut pas long pour que je sois congédié de l'armée. Je l'avais intégré sous une fausse identité, ça n'a pas plus, j'imagine que je dois cette seule sanction qu'à mon nom de famille véritable.
Mais, ceci n'est qu'une anecdote. Ce qui est important dans l'histoire en fin de compte, c'est cette lettre. Mon père, via un de ses esclaves, bien qu'il les appelle serviteurs, m'avait écrit afin de me dire qu'il était malade. Comme si ça m'intéressait. En retraçant la lettre d'après eux, mais, j'imagine plus que mon père est derrière tout ça, ils ont donc compris que j'étais un imposteur. Je me suis retrouvé seul à nouveau. J'ai repris contacte avec mon petit frère, physiquement cette fois. Il est venu quelques temps, voir du pays, comme il avait dit. C'était prévu comme ça... Mais, il ne rentrera jamais aux côtés de mon père. Pour Jax et ce dernier j'en suis forcément responsable, enfin s'ils le savaient. Ceci dit, mon aîné en voulait tout autant à mon père. Trois clan, trois personnes. Oui, trois plus quatre..
Je suis revenu de l'armée, et surtout des premières lignes, le visage balafré sur le côté gauche. Malgré ceci, je n'ai jamais eu de souci avec la gente féminine. Ce fût lors d'un de ces réveils brumeux, ou vous savez qu'il vous faut vite une excuse pour s'éclipser de cette chambre, qu'une connaissance à moi se mit à frapper la porte comme si elle lui devait de l'argent.

- Corwyn !! Corwyn !!!

Il n'a pas arrêter de crier le temps que je le fasse plus fortement.

- Putain de merde, quoi ? !!

J'ai commencé à m'habiller quand la personne ouvrit la porte sans gêne. D'ordinaire je l'aurai sûrement frappé, mais, j'avais besoin de son excuse pour partir d'ici. Il me regardait d'un air apeuré avant de me dire :

- C'est Ahikiyn... Il l'ont retrouvé égorgé, détroussé dans une ruelle...

J'étais debout en pantalon, torse-nu, je le fixais froidement, ce porteur de deuil. Je n'avais aucun mot en tête. Pétrifié de l'intérieur, totalement insensible d'apparence de l'extérieur. Je ne sais pas combien de temps je suis resté ainsi. Inerte. Des images dans ma tête. Ses rires. Mes meurtres en détroussant des inconnus. Nos expériences lugubres au Sanctuaire. Tous ses morts à la guerre, tout ce sang...


J'ai décidé de retourner sur les terres orientales. Je me devais de le dire à notre père en face. La route fût longue. Je n'avais toujours pas réussi a extérioriser ma douleur.Maintenant, je sais que je n'y suis toujours pas parvenue pour l'heure. Quoiqu'il advienne, en arrivant sur mes terres natales, j'appris que mon père venait de mourir. J'arrivais la veille de ses funérailles. Tous ont cru que je venais pour ça à la base. Je les laisse croire. Je relance même la rumeur. Je suis resté de marbre durant tous ces protocoles d'une longueur exaspérante. J'ai cherché de partout Jax. Aucun signe. J'ai appris qu'il était vraiment en froid avec notre père. Déniant même pas venir à ses funérailles. Je devais lui annoncer pour Ahikiyn. J'ai essayé de prendre contacte avec lui, il a renoncé à tout son héritage. Il est parti quelque part vivre avec sa nouvelle famille qu'il a fondé. Je n'avais personne à prévenir de la mort de mon petit frère en fait...
Puis, elle est apparue dans ma vie. J'étais si faible mentalement que je n'ai rien vu venir. Ou voulu voir venir. Je n'ai pris que le peu qu'elle m'ait donné. Elle m'a utilisé pour monter une fraternité, elle a recruté d'autres sombres de la même religion qu'elle. Puis, m'a demandé de laisser le pouvoir à l'un d'eux. Sûrement son amant, elle se collait à lui dès le lendemain discrètement. Puis, elle s'est offerte à moi. Comme pour valider le tout. Comme si j'allais croire en une fraternité, ou aux gens tout court. J'ai pris mes affaires, je n'avais plus rien à faire sur les terres orientales. Je suis rentré dans ma demeure familiale sur Aden. Mon héritage, un titre. Chevalier d'Elmoraden. Mon aîné ayant quitté l'armée et la capitale, je me retrouvais, malgré moi, représentant de ma famille décimée...

Encore une fois je n'ai pas su m'exprimer, surtout dans l'état ou je suis en ce moment. Je voulais parler à cette humaine. Une Kaïniste aussi. La première que je rencontre depuis mon retour. Enfin, et ce depuis de nombreuses années, je ne me sentais plus seul. Ce ne fut que pour une courte durée. Comme toujours avec moi. Je ne sais pas à quel moment je suis parti en vrille, mais, elle a fini par partir ne voulant plus me voir. Ce sont les plus fiables après tout, les relations de quatre-huit heures au maximum...

Je suis sur Aden maintenant, il va me falloir trouver une raison de me lever. Je ne boirais jamais comme mon père, je ne fuirais pas comme mon frère. Et, comme toujours, je n'oublie rien...
Je me plais beaucoup ici. Les gens sont abordables et pour la plupart assez intéressants...

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Jax
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Re: Le loup solitaire [BG Corwyn]

Message par Jax » lun. avr. 16, 2018 8:23 pm

La fin du Chevalier

… J'ai bientôt finit les préparatifs pour mon ordre de mission qui consiste à unir tous ceux volant combattre les graciens. Il ne me reste plus qu'une guilde a rencontrer. Les oubliés aussi, j'aimerais plutôt ne plus penser à eux...
J'ai toujours tourné le dos a notre noblesse et, on me demande à présent de servir les officieux entant que médiateur. J'ai pas vraiment la gueule de l'emploi. Le bon côté c'est que j'ai pu rencontrer pas mal de gens. Et la revoir. Toujours aussi belle et, toujours aussi caractérielle. Xelane apparut dans mon bureau afin de s'excuser de l'absence du Cénacle d'Orient lors du rendez-vous prévu. J'ai très vite compris que je n'aurais que son soutien. Les autres, étrangement, avaient mal pris mon départ. Ils me demandent de quitter mon poste et ce sont eux les victimes. Vraiment ces sombres. Ceci dit, son soutien me suffit amplement. Elle dit avoir toujours confiance en moi, Cela me fait plaisir, bien que je ne me fis plus à ses propos. Je savais que j'allais devoir la revoir, je me demandais comment j'allais réagir, ce que j'allais ressentir. Oui, en la voyant, maintenant je le sais. Je l'ai aimé. Furtivement, elle m'a vite fait redescendre sur terre. J'aurai pu perdre celle qui est faite pour moi, celle qui restera malgré tout, ma voleuse. Elle m'a volé mon être, mon âme, pour en prendre soin. Je donnerais jusqu'à ma dernière goutte de sang pour elle. Malgré son caractère et, tout comme moi, sa maladresse pour exprimer ses sentiments, nous découvrons ensemble ce lien qui nous unis. Cependant, j'aurai bien coupé la langue de son jumeau. Elle m'a raisonné, pour que je ne le fasse pas, quelle offrande cela aurait été pourtant...
Yukino, mon soutien, celle qui m'aime, celle que j'aime.

Passer des heures à parler, à convaincre, c'est d'un ennuie... J'ai rencontré deux personnes avec lesquels je m'entends très bien. Une vraie complicité. Ael du sanctuaire de Père, membre du Bataillon et, Roknir, un nain des plus amusant. C'est en sa présence que j'ai découvert Aenna sous un autre jour que celui de la diplomatie. Elle est très charmante, curieuse, et, je dois l'avouer, au-dessus de beaucoup de sombres au niveau apparence. Yukino s'inquiète de me voir avec elle. Peut-elle croit-elle que je suis attiré par les sombres à cause de ma première relation avec Xelane ? Ou juste parce que Aenna est d'une beauté incomparable. En tout cas elle a peur que je la trompe avec elle, elle me l'a bien fait comprendre. En fait, je pense qu'une amitié est entrain de se créer surtout. Au point, que la chef du Bataillon, m'a proposé de les rejoindre. Je pourrais veiller sur Yukino. Apprendre à la protéger avec les meilleurs. Elle m'a dit que par la suite que se soit ici ou chez elle, elle l'envisage qu'avec moi. Ca m'a rassuré, je ne voudrais pas aider à ce qu'elle me quitte. Car c'est leur objectif au Bataillon. Rentrer chez eux. Pour cela ils devront combattre les graciens. C'est tout ce qui m'importe. Si j'accepte je devrais abandonner ma mission.Ceci dit, je ne suis pas fait pour la diplomatie à la base. Et puis, je me rends compte que de toute façon, ça ne sera pas possible. Ou qu'un temps. Il m'a suffit de parler avec Cateric pour le comprendre. J'ignore pourquoi il m'a appelé le loup solitaire durant notre entrevue, mais, il m'a clairement dit qu'il ne soutenait pas l'idée d'un médiateur. Que je leur manquais parfois. Comme si j'allais le croire, aucune nouvelle, ne viennent pas à un rendez-vous avec moi sans prévenir, ne s'en excuse pas et, surtout, comme si ça m'intéressait de le savoir. Je lui ai répondu qu'ils me manquaient dès le premier jour. Comme quoi, j'ai appris à mentir. Il parle comme s'il était quelqu'un d'important, refusant le dialogue avec beaucoup d'après ses propos. Il est loin de ma vision d'ouverture lorsque j'ai créé le Cénacle. Ils se referment sur eux-mêmes, ne voulant visiblement ni de la Résistance ni du Bataillon. Depuis mon départ, j'ai rencontré de belles personnes, j'aurai aimé leur parler avant de prendre une décision. Roknir et Azen, avec qui je partage de nombreuses chasses, c'est fait. Amelyah a disparu depuis quelques jours. Sa fraîcheur et sa façon d'être me manquent. J'espère la voir avant que je n'aille chercher le corps de mon petit frère. Cela semble difficile pourtant. Ael et Lea ne sont pas présents non plus. Yukino aimerait que j'accepte bien sur. Si ce ne tenait qu'au fait d'être près d'elle, j'accepterais tout de suite. Tourner le dos une fois de plus à la noblesse ne me gêne pas. J'ai juste l'impression que je peux perdre des amis à cause de ce choix. Je ne parle pas du Cénacle, je n'ai plus eu de nouvelles depuis mon départ, si ce n'est par hasard. Ils connaissaient même pas la responsable du Bataillon, mais ne les aiment pas. Non, ce genre de comportement m'indiffère. J'ai prévenu Aenna que j'aiderais tous ceux qui combattrons les graciens avant tout. Il y a aussi le fait que je ne me sens pas à la hauteur. Bien que je serais sûrement plus à ma place avec eux qu'à faire le diplomate. Dur choix. Entre, être près de celle que j'aime, de mon ami Ael, et, malgré l'avis de Yukino, avec Aenna. Peut-être même d'autres dont j'ignore leur appartenance. Et donc, ma mission merdique, dont je n'ai aucune envie, commanditée par les officieux elmoradiens...

… Ce que je voulais avant tout c'était ne garder à l'esprit que mon petit frère. Gagner du temps, avoir des garanties. Je connaissais déjà ma réponse au fond de moi depuis le départ. Aenna me fait un honneur de me le proposer, je verrais plus Yukino et, je pourrais la protéger plus facilement. Mais, pour l'heure, après toutes ces découvertes sentimentales, il me fallait m'occuper du rapatriement de Ahikiyn. Tout était en place avant que je prenne la route. J'en aurais pour un jour de route à l'aller. Presque deux au retour.

J'aurai aimé lui parler, lui raconter tout ce que je vis, ce que je découvre. Il était le seul à connaître mon côté si sombre dans la luxure et la perversion. Ca m'aurait soulagé de pouvoir en discuter. J'ai essayé avec Yukino, mais, ce n'est pas évident de parler de ça avec sa compagne.
Il aurait été fier je pense. J'ai réussi à me faire des amis, je les pense sincère, et j'ai même une femme. J'arrive à me contrôler la plupart du temps. Bien que ça soit souvent en fusion à l'intérieur.
Le trajet du retour fut long. J'ai eu le temps de faire une mise à jour depuis sa mort:

J'ai lancé l'idée d'un groupe multi racial et religieux, une fois créé, il n'y a eu que des sombres shilénistes au pouvoir. Je suis parti, j'ai rencontré de nombreuses personnes. J'ai reçu mon titre de chevalier d'Elmoraden et la mission d'unir ceux voulant combattre les graciens. Les démons de Père refont surfasses. Je me sens plus fort que jamais. Je me suis bien entraîné avec mes deux lames. Maintenant, il faut que je passe à la vitesse supérieure. L'avantage du Bataillon, c'est qu'ils sont visiblement nombreux. Je devrais pouvoir me mettre dans un coin tranquille. Mon frère, tu me manques tellement. J'ai enterré notre père seul. Jax n'était pas là. J'étais venu lui annoncé ton décès. Sans ce coup du sort, il aurait mis sous terre sans représentant de la famille. Etrange, le premier à l'avoir quitté est le dernier à avoir vu son corps. Pour en finir avec les nouvelles, Jax a quitté les terres d'Aden. Il se dit qu'après avoir rencontré sa femme et lui avoir fait deux enfants, il voulait un lieu sans graciens. Il m'a surtout baisé la gueule. Il a du partir dès que mon arrivée lui est venue aux oreilles. Il savait qu'ainsi, j'allais être responsable d'une mission vouée à l'échec, en prenant mon titre. Peut-être même est-il derrière tout ça. Mais, tu le sais aussi bien que moi, je les tiens responsables de nos défaites ces saloperies de nobles. Ils nous ont envoyés à maintes reprises combattre la mort. J'ai commencé quand même, mais, une fois avec un blason, je doute que les gens me fassent confiance. Ils sont tellement stupides pour la plupart, à vouloir à tout prix mettre des barrières entre eux. Pour le pouvoir, la gloire, ou que sais-je ? Pendant ce temps là, une armée soudée, et renforcée par les Geants et Beleth lui-même, se tient près en cas de rébellion.
Je n'ai pas su veiller sur toi petit frère, car je ne savais que je devais le faire, mais, je vais veiller sur Yukino, et pour le faire au mieux, je dois la rejoindre.
Tu vas être auprès de notre mère et notre géniteur. Bientôt je te rejoindrais, je ne suis pas pressé, j'ai encore beaucoup à apprendre. Je t'écrirais des lettres. Que je brûlerais ensuite. Tu aimais tellement ça, le feu.
Jax a fuit les graciens. Ils m'ont entaillé de partout, mais, ils ne m'ont pas encore tué. Je compte bien en ajouter plusieurs à ma liste. Je participerais à la libération de nos terres ou je te rejoindrais mon frère. Bien que les deux ne soient pas incompatibles.


Ce monologue à un corps inerte m'aura occupé un moment. Tout le reste du trajet, le silence fut notre compagnon de route.
Le corps fut déposé à la place prévue. J'en ai profité pour rendre hommage à ma mère. Je ne l'avais jamais fait depuis son enterrement.


Ce fut un coup de massue à mon arrivée sur Aden. On est venu me voir me disant qu'il fallait vite partir. Les Oubliés et le Cénacle allaient attaquer la ville. J'ai juste eu le temps de faire évacuer les enfants et les démunis loin de la ville. Je devais abandonner la demeure familiale et, comme beaucoup, tout ce que j'avais. De plus, le Cénacle compte brûler la ville. Ma création est devenue bien pire que les graciens eux-même...
Je m'attendais à ce qu'ils finissent par se battre entre eux, tous ceux nouveaux venus de vortex, mais, je n'aurais pas cru Xelane valider une telle horreur. Brûler une ville pour attirer les graciens. Mais, faut vraiment avoir le QI d'une huître pour penser ça. Le fait d'attaquer Aden suffit amplement à leur faire comprendre qu'une rébellion est en court. Bien qu'ils le savaient déjà vu la finesse de ceux qui ont attaqué. Détruire des biens que des personnes ont mis une vie si ce n'est plus à avoir comme ça pour un plan merdique. Décidément, je regrette de ne pas avoir détruit le Cénacle tout simplement, voyant ce qu'ils devenaient avant de partir.
On m'a même dit que je serais toujours bien accueillis sur la cité orientale. Je suis né là-bas, manquerait plus que ça, qu'un groupe de crétins m'empêche un jour d'y aller. Je suis tellement énervé par leur manque de réflexion que j'ai préféré partir. Il n'y a plus rien à faire. Ils ont déclenché la guerre, ils ne sont que deux guildes, voir trois au maximum, contre les graciens, les Géants et Beleth. Mais, ils se sentent tellement au-dessus du lot qu'ils pensent pouvoir y arriver.
Adieu Aden. Adieu mes terres d'Orient qui m'ont vu naître. Tant que ces terres seront souillées par ses nouveaux agresseurs de l'extérieur, je n'y retournerais pas. Mais où aller ?
Je sais où trouver Yukino c'est le principal. De toute façon, leurs histoires ne me concernent plus. Autant trouver un coin tranquille et juste profiter de mes amis et de celle que j'aime. Je passerais les voir de temps en temps, pour le reste je vais retourner à ma vie de solitaire. Tous critiquent le Bataillon comme étant ceux voulant conquérir, alors que sur les faits, ceux qui veulent brûler une cité et attaquer celle-ci ce ne sont pas eux. Ceux qui refusent de parler, comme me la clairement dit Cateric, ce ne sont pas eux. Non, je dois me rendre à l'évidence. Le Cénacle d'Orient est devenu un problème aussi important que les graciens. Et ce n'est que le début...

Je me souviens de cette journée d'Automne, avec Jax, près de la rivière de la cité orientale. Il me faisait ses beaux discours sur la famille, la noblesse, nos devoirs, nos responsabilités. Rien de nouveau, toujours aussi barbant. Sauf ce petit passage qui est resté dans ma mémoire ;

« … Agir est la chose la plus simple. Réagir la plus logique. Mais, prévoir et anticiper pour toujours avoir un coup d'avance, cela demande des ressources intellectuelles, des informations et connaître son ennemi. »

Jamais de combats sans connaître ses chances de victoires.

J'étais si proche de pouvoir les réunir et les faire s'entendre. Il n'aura fallu qu'un petit groupe de nouveaux arrivants et le Cénacle pour faire tout tomber à l'eau. Je ne peux même plus aider la population. Je n'ai plus rien à cause d'eux, comme pour beaucoup. J'imagine que les enfants qui étaient dans ma demeure vont vite retourner à leur destin d'esclaves. Les autres mourront rapidement de soif, de faim. J'aurai essayé. J'ai échoué, n'ayant pas anticipé une attaque et une envie de tout brûler de ceux qui étaient censés nous aider. J'aurai du sûrement. Non l'arrivée des gens des Vortex n'est pas une bénédiction. Mais bien un fléau de plus pour nous. Enfin pas tous, heureusement. La résistance est bien plus pondérée dans leurs objectifs et n'affectent pas les populations comme des barbares, comme ce fut le cas sur Aden. Si ma bien-aimée n'était pas dans le Bataillon, je pense que je les aurai rejoins. Mes amis sont tous de là-bas après tout.

Ce qui est bien d'avoir un blason, c'est que je vois directement ceux qui jugent sans connaître, ou sans mémoire. Car je suis le même. Enfin presque, il faut ajouter l'envie de tous les tuer. Je sens que ça monte de plus en plus, je suis obligé d'aller au sanctuaire me calmer très souvent. Yukino ne peut m'apaiser, déjà parce qu'elle n'est pas là en ce moment, et en plus, elle est trop sur la défensive avec moi pour que je lui parle de tout ça. Je n'aurais pas pensé qu'un jour Père serait mon seul soutien pour me canaliser. Mais, j'imagine que tout ceci est son œuvre.

J'ai trouvé un refuge. Formidable. Isolé, loin de tout. Une grande cavité rocheuse, que j'ai nettoyé et aménagé d'un lit et de quoi faire du feu. Ca m'ira très bien. Je garderais ce lieu pour moi seul. Pas envie qu'on vienne m'emmerder avec leurs conneries de guildes, de graciens ou que sais-je. Je vais pourvoir m'entraîner avec mon ami Roknir, et laisser toute cette merde pour ces barbares. Je regarderais, je m'en amuserai sûrement même, une fois ma colère passée. Et le premier qui me casse les burnes, et bien comme avant, il finira sous terre sans sommation.

Avant de partir dans mon refuge, j'ai écris aux officieux d'Elmoraden :

« Mon objectif était d'unir les guildes et tous ceux voulant combattre les graciens. J'ai échoué. Bien que vous vous attendiez à cet échec. De plus, certains d'entre eux ont attaqué Aden. J'ai du donc partir et abandonné ma demeure familiale. Je vous donne donc, via cette missive, mon intérêt de mettre fin à ma mission. Je ne veux plus essayer de les unir, il est déjà trop tard, ils se battent entre eux. Vous pouvez voir en certains un prompte renfort. Et pour d'autres, comme le Cénacle d'Orient et les Oubliés de très bons appâts. Vous pouvez vous en servir et les manipuler facilement, ils se pensent si intelligents que vous devriez aisément en être capable. Mais, ne comptez plus sur mon aide à l'avenir. Mon titre de Chevalier d'Elmoraden est une tare dont je ne veux plus. Retrouvez mon aîné au besoin. Pour ma part j'ai rejoins l'une de ces guildes, pour être près de ma bien-aimée. Le reste ne m'intéresse plus du tout. J'ai donné assez d'années dans l'armée et à combattre les graciens pour que vous compreniez mon envie de me poser dans un coin tranquillement... »


Me voilà, après toutes ses années, libéré de toutes ces conneries de la noblesse. Quitte à mourir je préfère que ça soit utile et pas pour des actions sans réflexions. Je n'ai pas survécu à tout ça pour finir dans leur mascarade entre gens d'un autre monde. Ils n'ont même pris le temps de connaître notre histoire. Ils s'en foutent. Et, je vais leur rendre la monnaie.

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Re: Le loup solitaire [BG Corwyn]

Message par Jax » mer. mai 23, 2018 7:24 pm

Un prêtre pas comme les autres... Partie I
… Tout n'est qu'illusion, qu'informations électriques interprétées par notre cerveau. Ce qui explique les différentes réactions. Il doit y avoir des cour-circuits chez certains. J'ai trouvé la solution. J'ai déconnecté le mien. Plus rien ne m'intéresse, mise à part Yukino. Bien que notre relation soit des plus étranges. Ce qui compte c'est son retour. Elle a du mal à gérer ses actes, cela viendra avec le temps, ce qu'elle a fait demande beaucoup de patience pour apprendre à vivre avec...

Ma rage est revenue, je l'ai senti monter petit à petit en moi. Courir, se défouler, s'entraîner, il n'y a que ça pour me faire tenir. J'ai l'impression d'être poursuivit par mon ombre. Elle s'amuse de ma personne, me double, reste à mes côtés pour me montrer sa puissance. Alors je me suis arrêté net. Les bras écartés, ma voix a porté sur des centaines de mètres j'imagine. Je l'ai laissé s'emparer de moi. Ce fut brutal. Comme si une partie de moi avait disparu puis, avait fusionné avec celui que j'étais devenu. A genoux, le souffle coupé, j'ai compris à ce moment là, la volonté de Père. Alors je me suis rendu au sanctuaire. J'ai prié longuement.
Quand je suis sorti prendre l'air, un humain semblait m'attendre. Le genre, de ma carrure, avec qui il ne faut pas faire trop de vagues, en vue de son armure scintillante, et de son épée finement sculptée. Son visage semblait être dépourvu de toute lutte pourtant, de grands yeux marrons, et une mâchoire robuste. Sa voix était douce presque sifflante, du coup, c'est son armure qui ne collait pas au personnage.

- Bonsoir, je me nomme Sigfried. On m'a demandé de recruter des fidèles afin de les former pour apprendre la magie de soutien.

- hm hm... Et, j'ai la gueule d'un magicien ?

- Je ne vais pas vous mentir, on m'a conseillé de vous approcher.

- Qui donc ?

- Nalfen.

Ce fut un choc d'attendre ce nom. Je n'ai rien dit, faisant juste un signe de main pour lui indiquer de me suivre. Nous nous sommes éloignés du sanctuaire. Je voulais savoir ce que mon mentor avait bien pu lui dire sur moi. Je n'ai pas eu à lui demandé, à peine on s'était installé, assis contre un arbre pour ma part, et lui debout à quelques pas de moi en face, qu'il prit la parole.

- Je sais bien qu'il fut assez décrié parmi les siens. Que ça soit au sanctuaire de Père ou dans son peuple. Il n'en reste pas moins que, Nalfen fut un de ses rares sombres a avoir autant aidé Père. Juste après vous, je fus son nouveau disciple. Il n'avait de cesse de me parler d'un certain Corwyn au sang bleu. Il était attristé que votre disparition soudaine. Nalfen nous a quitté il y a de cela une semaine à peu près, certains disent qu'il fut empoisonné, d'autre qu'il serait suicidé. La deuxième option n'étant pas viable si on le connaissait un peu, la première semble être la meilleure.

- Il s'est fait tellement d'ennemis, que je suis même surpris qu'il ne fut pas tué bien avant.

- Je vous l'accorde. Mais, il me demandé de contacter des fidèles pour leur enseigner ma magie.

- Je vois. Il a du t'apprendre celle des sombres. Il m'a apprit sa langue natale, et déjà formé dans ce domaine. Il me voulait prêtre de Père. J'imagine que c'est ce que tu es à présent. Mais, je vais te dire franchement les choses. Que ça soit pour les histoires de guildes, de religions, de vortex à la con, faut m'oublier...

Je n'ai pas eu le temps de continuer qu'il reprit le contrôle de la conversation.

- Et pour les histoires de perversions ? Avez-vous tourné le dos à tout ceci ? Une fois qu'on y a goûté et, aimé, je doute qu'on puisse le faire... Nalfen était doué pour nous enseigner ce domaine. Mais, il n'a pas pu finir mon apprentissage...

- Ce n'est pas plus mal. Des qu'il a comprit que je ne serais pas prêtre, il s'est acharné dans ce domaine. Crois-moi, essayer des choses pour savoir si ça nous plaît, c'est bien, sauf si on découvre que notre esprit n'est pas commun. Ca l'amusait beaucoup, il me disait que j'étais comme lui. Ca me faisait presque vomir de l'entendre dire ça. Ne te plaints pas de ne pas avoir suivit son enseignement dans ce domaine, tu aurais perdu ton âme. Tout comme il a perdu la sienne...


Nous sommes restés un petit moment à discuter. C'était un moment sympa, il était bien différent de moi, beaucoup plus malléable, Nalfen a fait du bon travail avec lui. Respectueux, et un poil fanatique. Je lui ai souhaité bonne chance dans sa quête et je suis rentré chez moi à Rouages...

Depuis quelques semaines je me suis installé dans cette cité, une petite maison.
Après un verre de rhum, je me suis posé sur mon bar. Je pensais y voir Roknir, il passe souvent chez moi, il dort parfois même dans la chambre d'ami. Mais pour le coup, j'étais seul. Et, je désirais le rester. J'ai sorti le linge de ma sœur le serrant dans la main. Père m'a toujours permis de m'en sortir, il me suffit juste de continuer d'accepter ce qui m'arrive et de faire au mieux pour ça se passe bien. Pour l'heure, je vais juste obéir aux ordres, pour le reste il ne faudra plus compter sur moi.

Mon frère d'arme et de cœur, Roknir vit mal le départ de l'humaine rousse avec un autre. Tout comme j'ai mal vécu l'absence de Yukino. Je le sais maintenant, les sentiments ne servent qu'à nous affaiblir. Sauf peut-être l'amitié. Oui, celui-ci est fort intéressant. Mes compagnons de chasses et d'entraînements, que ce soit Azen, le chef de résistance, sa Fay, ou alors Kaizen et Roknir pour mes frères, je me sens bien avec eux.
J'essaie quand même d'aider les gens à ma façon comme toujours, mais leurs histoires ne m'intéressent plus. La plupart ne traîne que dans les tavernes ou les lieux de débauche. Frapper, boire, baiser. Quelle monotonie. Bien que dans la baise, il y a moyen d'éviter aisément toute redondance. Après ces quelques réflexions, j'ai rangé le bout de tissu de ma sœur...

Après une heure environ à rester sans rien faire, quelqu'un frappa à la porte.
Quatre serviteurs viennent chaque jour sur Rouage pour nettoyer ma demeure. Je devrais peut-être en garder un ou deux tout le temps, c'est lassant d'aller ouvrir...
Ceci dit, une fois fait, je suis resté sans voix un moment devant mon visiteur, avant de pouvoir lui dire :

- Jax. Alors là, je ne m'y attendais pas. Entre donc.

Il entra sans rien dire. Il semblait en forme. Une fois au bar je lui ai servi une bière, puis j'ai brisé le silence à nouveau.

- Que me vaut l'honneur de tes peaux mortes en ce lieu ?

Il prit la chope et la vida d'un trait avant de me répondre de sa voix mélodieusement sombre et moralisatrice.

- Tu ne peux renier ton titre. Tu l'as à vie une fois annoncé. Tu as préféré évacuer des sans-abris et des gosses de notre demeure familiale, que tu as ensuite abandonné, plutôt que de combattre les graciens ?

Je l'ai écouté en le regardant d'un air amusé. Prenant quelques secondes par la suite pour lui rétorquer ;

- J'avais des priorités. Comme enterrer notre jeune frère. Et depuis quand je te dois des comptes ? A toi, qui a carrément fuit les terres occupées ?

- Je ne suis pas venu chercher des histoires. Je me doute bien que tu as fait au mieux. Je reviens du cimetière, j'ai vu la tombe de notre frère... Ainsi tu as enterré notre père aussi. Pour information je n'ai pas fuit. Ca ce sont des rumeurs. On m'a envoyé en mission. Corwyn. Il faut que tu comprennes qu'on a besoin de toi.

- Qui « on » ?

- Les elmoradiens. Tu le sais très bien. Tes contacts avec les guildes peuvent servir...


Je lui y ai coupé à nouveau la parole à ce moment là.

- Oublies tout de suite. Je connais juste Azen de la résistance, c'est un ami. Le Cénacle vit dans son coin sans se soucier de moi. Leur président a réussi à isoler Xelane. Donc je n'ai aucun contacte avec eux. Et les autres je ne les connais pas, et je m'en fous royalement. Ca fait déjà un moment que je me suis retiré dans mon coin. Alors me casses pas les couilles avec tes histoires de noblesse ou autres. D'accord je reste chevalier d'Elmoraden, super. Mais, ça ne m'intéresse pas vos conneries. Tu ne m'intéresses pas. Tu n'as jamais eux de courage ou de caractère. Même pas foutu de venir enterrer son père, et tu veux me parler de noblesse ? Casses-toi, avant que je décide de réduire la famille à ma seule personne.

Il prit son temps et me fixa, le sourire en coin.

- Crois-tu me faire peur petite frère ? Tu n'es qu'un gladiateur, un bourrin qui fonce sans réfléchir, malgré que d'autres pensent le contraire. Je sais qui tu es. Rien d'autre que ça. Et un jour ta chance t'abandonnera, et pour une connerie, tu vas mourir.

Jax aperçut alors mon blason. Il le détailla un moment avant de reprendre.

- Tu as rejoins une guilde qui veut quitter ce monde ? Ton monde ?

Je commençais à faire le tour du bar pour aller en sa direction tout en parlant avec calme.

-J'ai rejoins celle que j'aime.

Arrivée à deux tabourets de lui, j'ai dégainé mes lames. Il me connaissait bien, il avait déjà sa main sur son épée, son bouclier à porté de l'autre. Il me regardait, près à réagir plus qu'à agir.

- Corwyn... Fais pas ça. Nous ne sommes plus des enfants...

Je suis resté à distance pour répondre.

- Tu me prends pour un idiot ? Nalfen meurt il y a une semaine environ, et toi tu réapparais d'un coup ?

- Il n'a jamais pu m'encadrer. Toi et Ahikiyn il vous adorait. Il ne voyait pas assez de vice en moi. Il faisait trop de vagues pour le sanctuaire et depuis tellement d'années. Ils ne pouvaient se permettre de le faire eux-même vu son rang. Ils ont demandé l'aide des officieux. Et je me suis porté volontaire dès que j'ai su.

- Depuis quand es-tu un assassin ?

- Je ne le suis pas. J'ai passé plus de temps à trouver la personne que je devais engager pour le faire qu'autre chose...

- Ainsi, même si le meurtrier se fait attraper, personne ne peut remonter à toi et encore moins au sanctuaire...

- Corwyn. Tu es loin d'être idiot, nous le savons tous les deux. Mais, si tu fais ça, tu me donnerais tord.

Il dit cette phrase en prenant le chemin de la sortie. Je n'en demandais pas plus, il le savait. Avant qu'il ne passe la porte j'eus le temps de lui dire ces quelques mots  avec calme;

Si je te revois. Tu combleras le caveau familiale.

Après avoir marqué un temps d'arrêt pour m'écouter mais, sans prendre soin de se retourner ou juste de bouger la tête, il disparu derrière la porte.

Quelle journée de merde. Toujours pareil, je ne demande rien et on vient me faire chier. Manquait plus que lui dans le décor. J'ai combattu dix fois plus souvent les graciens que lui et il ose venir me faire la morale ? Jax...Jax..Jax. Nalfen méritait une mort honorable. Tu vas connaître sa vengeance, et je serais son instrument pour l'accomplir. Un léger sourire en coin se dessina sur mon visage et je suis parti me coucher après un bon bain...

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Re: Le loup solitaire [BG Corwyn]

Message par Jax » mer. mai 23, 2018 7:33 pm

Un prêtre pas comme les autres... Part II

… Tout va beaucoup trop vite. Je manque de temps, de souffle. La guerre est une chose qu'aucun enfant ne devrait connaître. Et pourtant, j'ai l'impression d'avoir vécu que dans celle-ci. Pas forcément celle contre les graciens mais, aussi celle que je mène contre moi-même. Père me teste, il s'amuse avec moi, Il a bien raison. J'ai fini par trouver la parade à mon rang, j'aurai du y penser avant. Sans que personne ne le sache, je suis retourné régulièrement au sanctuaire de Père. J'ai fini le peu qu'il me manquait pour devenir prêtre. Il n'y a pas plus bas dans la hiérarchie du culte que le mien. J'aime l'idée. Aucune responsabilité, ça me va, de toute façon je suis voué à attaquer sans réfléchir, malgré que je déteste agir de cette façon, c'est malheureusement l'acte le plus récurant de ce monde. Je l'ai vécu avec le Bataillon. Yukino n'était plus en sécurité là-bas, une recrue s'en est prise au responsable militaire et, personne n'a rien dit, tout ça pendant une réunion. Ce fut de trop, j'ai rejoins mon destin, la Résistance. Après tout, j'ai toujours été et, combattu avec eux. Rien de choquant que j'en devienne membre. Elle m'a suivi, m'a annoncé que je suis peut-être père et enchaînée avec une demande en mariage. Tout va beaucoup trop vite... Je manque de temps, de souffle.

… Il est temps de découper du gracien. J'ai trop souvent perdu contre eux. Maintenant, on a libéré Aden et résisté à leur tentative de retour. Puis, ce fut le tour de Rouages. La ce fut plus compliqué. Le Bataillon a perdu un membre. Un proche de Aenna. Elle était dévastée. Certains ce jour là, on comprit ce qu'était la guerre. Pour d'autres, ça sera plus tard.

Bientôt on doit libérer la forteresse blanche. Je ne sais pas si je vais tenir. Ce fut si dur à Rouages, que je crains de ne pas pouvoir la protéger. Alors, je m'entraîne, encore et encore. Je sens depuis trop longtemps cette odeur. Celle de la mort. Elle est proche, elle m'entoure mais, ce n'est peut-être pas pour moi. Il n'y a qu'au sanctuaire de Père où j'arrive à me poser et à réfléchir.

Je dois aller demander la main de Yukino à son jumeau d'après elle. Mais, je n'ai qu'une envie, c'est de lui couper la langue à ce mec. Donc, le mariage n'aura sûrement pas lieu. Hors de question que je m'abaisse devant ce type. Je ne me suis jamais rabaissé devant ma famille et elle ne m'a que rarement manqué de respect, contrairement à lui. Pour me calmer, une fois appris cette nouvelle, je suis allé chercher mes nouvelles lames. Fay m'avait offert deux lames magnifiques, je les avais confié à un forgeron pour qu'il les améliore. Quand je les vis, je fus pris d'émotions. En me souriant le nain me dit :

- elles se nourrissent de sang, avec une préférence pour celui des graciens.

Voilà que me plaisait. Elles n'étaient pas seulement magnifiques, elles étaient faites pour moi.
Dans mon dos, à présent je me balade aussi avec une lance lorsque je pars en chasse ou en combat. Je commence à la maîtriser assez bien. Dimanche, je vais devoir être en forme, le combat s'annonce compliqué, je ne sais pas encore quel sera mon poste, ni avec qui, mais, je serais avec Yukino, ça s'est certain.

Ca pourrait être mon dernier combat. Je le sens, c'est la première fois. Il est plus facile de survivre seul que de protéger quelqu'un. Et si je suis encore en vie, c'est parce que j'ai toujours agi pour ma sécurité. Libre de mes mouvements durant les batailles. Là ça sera différent. Rien n'est sur mais, elle porte peut-être notre enfant. M'annoncer ça une semaine avant le jour J... Comme à chaque fois, une nouvelle s'accompagne toujours de son contraire. Si je veux l'épouser je dois m'abaisser devant son jumeau, ce qui est impensable et, elle m'annonce que, peut-être, elle est enceinte, si proche d'une bataille importante ou je serais forcément au front. Tiens Coco, démerdes-toi avec ça.
Enfin, je suppose que se sont des bonnes nouvelles. Sauf que je suis en guerre, pas là pour jouer à la dînette.
Prêtre Kaïniste dont les lames se nourrissent du sang des graciens, guidées par Père. Je ne t'oublie pas Jax n'ait crainte...

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Re: Le loup solitaire [BG Corwyn]

Message par Jax » ven. mai 25, 2018 1:38 pm

La douleur

… Azen m'a demandé d'officier lors d'une messe au sanctuaire. Je ne suis pas habilité pour le faire. Je lui ai dit de voir avec Yukino si elle voulait le faire. J'espérais ainsi la faire revenir, si elle le voulait, au sanctuaire. Le résultat fut des plus étranges. Sans me dire ni bonjour ni rien, elle est apparue, comme une furie, pour me demander si j'avais dit à Azen qu'elle pouvait officier. Je lui ai répondu qu'en effet je lui avais dit de voir avec elle. Une fois de plus sa bipolarité prit le dessus et, finit par m'énerver. Je lui ai dit qu'elle n'avait qu'à dire « non » et passer à autre chose au lieu, d'une fois de plus, chercher des embrouilles. Il n'y avait pas mort d'homme dans cette histoire. Elle est partie les larmes aux yeux, je n'ai rien compris. J'étais aux prises avec des bestioles et, son arrivée sans même un bonjour, juste pour encore me faire des reproches était de trop. Ce qui j'ignorais à ce moment là, c'est que c'était la dernière fois que je la verrais...

… Le réveil, après une nuit encore passée à m'entraîner, fut des plus brutales. Cette odeur de mort, c'était pour elle. Les rumeurs vont vites par ici. Son corps fut retrouvé sur Onyx. Comme par hasard par son jumeau, qui décida de le brûler. Privant ainsi ses proches de tout deuil. Elle était enceinte et venait de me demander en mariage à peine deux jours auparavant. Lorsque j'entendis la rumeur sur Rouages, je suis parti me renseigner. C'était bien elle, retrouvée morte dans une ruelle d'Onyx. Je me suis senti tellement vidé que je n'eus même pas la force de m'énerver tout de suite. Mais, quelque chose s'est brisé. J'ai toujours accepté mon destin, mes combats, mes situations. Là, je ne pouvais pas. Je suis aller au sanctuaire pour prier pour elle. Yukino, celle que j'ai aimé plus que tout, celle qui restera celle qui a fait de moi quelqu'un de bien. Durant un temps. Mais, ce dernier est révolu. Je viens de tomber dans un Abysse. Je suis sorti de chez Père, j'ai croisé Sigfried sur le parvis du sanctuaire. Il a su à mon regard et à ma démarche qu'il ne fallait pas me faire chier. Il a juste incliné la tête pour me saluer.
Je suis parti dans mon repère, ma grotte. Il était l'heure de laisser ma rage sortir...


… Je ne sentirais plus son nez se glisser dans mon cou, je ne la sentirais plus se blottir contre moi. Etrangement, ce sont ces moments qui me reviennent en mémoire. Ses sourires, sa passion. La douleur est insupportable. Chaque seconde, ma mâchoire se crispe, mes muscles se contractent. Je bois, encore et toujours, je cherche un palliatif. Comme si on pouvait oublier un véritable amour. Comme si je pouvais vivre sans elle. J'ai pensé de nombreuses fois que je devrais la rejoindre. Mettre fin à ma sinistre existence. Elle était mon souffle, ma rage de vivre, celle qui me donnait envie d'être. A présent, et pour toujours, je ne suis plus que l'ombre de moi-même...

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Re: Le loup solitaire [BG Corwyn]

Message par Jax » lun. mai 28, 2018 2:34 pm

De sa vraie nature...




Il est facile de juger, surtout quand il s'agit d'histoires sexuelles. De pulsions, de fidélité ou de concours de circonstances. Je n'ai jamais eu de problème dans ce domaine, car avant mon retour je n'ai jamais eu de relations qui ont dépassé les quarante-huit heures. Et maintenant, je confirme que cela reste la meilleure option pour ne pas se faire prendre la tête ou qu'on essaie de vous changer. Ceci dit, je ne regrette rien. Surtout pas ma relation avec Yukino. Même si depuis le départ je ne fus pas honnête avec elle. Il était impossible de discuter avec elle, du coup des gens comme Roknir ou Aenna en savent bien plus sur ma véritable nature, donc sur moi. Je lui avais dit avoir eu une disciple dans le domaine de la luxure, mais, un peu naïve elle ne comprenait pas mes propos ni même ce que je voulais lui expliquer. J'avais arrêté cette relation dès que je me suis mis avec elle. Contrairement à ma véritable relation discrète que j'entretiens depuis longtemps avec celle qui me rend dingue juste avec sa présence. Ses courbes, sa façon d'être, de me regarder, d'aimer mes pulsions. Elle n'a jamais cherché à me changer, ni même pris la tête pour des conneries ou autres. Notre relation est différente, elle n'est pas basée sur des attentes autres que le plaisir. C'est assez horrible d'avoir une maîtresse, je ne l'avais pas fait forcément avant, mais, elle comblait mon côté sombre. Je pensais que notre relation ne tournait qu'autour de ça. Mais, à la mort de Yukino, elle m'a prouvé qu'elle tenait à moi. Je crois même que c'est la première fois, avec Roknir, que quelqu'un me prouve ses sentiments, autre qu'avec du blabla...

La plupart des gens ne savent pas qui sont les Kaïnistes. Certains d'entre-eux non plus d'ailleurs. Le Père de la destruction, entre autre. Et, certains attendent d'un Kaïniste qu'il devienne un gentil toutou, approuvant et se laissant dicter sa conduite. Pouvant lui faire confiance sur tous les plans. Quels idiots ils sont. Autant faire confiance à un sombre aveuglement.
Pour ma part, je suis loin d'être un homme bien. Je n'ai jamais versé de larmes pour ma famille, ni même je ne suis pas effondré après la mort d'un proche. Pour Yukino, des larmes ont coulé. Non pas à cause de sa disparition, mais parce que j'étais énervé. Il me fallait canaliser cette rage encore quelques jours, pour le combat sur la cité Blanche. J'ai bu durant l'attente de ce moment. Ivre à m'endormir là où je l'avais rencontré. Démunis de pas mal de sentiments, déjà avant elle, je suis redevenu le vrai Corwyn.
On a voulu faire de moi dans l'ordre, un noble, un militaire, un chevalier, un prêtre et, un père de famille à la con. Mais, je ne suis rien de tout ça. Je suis en guerre contre les graciens. Je n'ai pas le temps de m'occuper d'un statut quelconque, d'une famille qui vous rend mielleux et égoïste, car on ne s'occupe plus de personne d'autre. Je ne suis pas là pour faire des concours de qui a la plus grosse, ou à faire genre en publique.

C'est le grand jour. J'ai arrêté de boire en jetant ma dernière bouteille au loin, sur notre lieu de rencontre. Comme pour marquer un passage à autre chose.
La cité Blanche est libérée. Azen et Roknir ont réussi leur plan avec l'aide des Oubliés, du Cénacle et du Bataillon. Il faut maintenant se préparer aux représailles. Je doute que les graciens qu'on humilie depuis un moment se laisse faire sans rien dire. Ca me tarde. Je suis déjà en manque de leur sang. J'ai la nette impression que tout ce qui s'est passé depuis mon retour dans mes terres natales n'était qu'un prélude. Je sais sur qui je peux compter et qui mérite à mes yeux que je risque ma vie pour eux. Ils ne sont pas si nombreux mais, il y a :

Roknir

Le nain. Forgeron et maître lancier. Nous avons tellement de soirées en commun, de combats, de délires, de sympathie l'un envers l'autre, qu'il est devenu mon frère. Il a su dès le départ que je n'étais pas quelqu'un de bien dans tous les domaines, je ne lui ai jamais rien caché. Si ce n'est l'identité de ma maîtresse. Il est parti à ma recherche avec Aenna lorsqu'ils ont appris le décès de Yukino. Sans eux je serais peut-être mort de froid, tellement j'étais ivre dans ma grotte du nord. C'est la seule personne pour l'instant à m'avoir prouvé qu'il savait se taire.

Aenna

La responsable du Bataillon. On est très vite devenu ami. Caractère bien trempé, l'une des sombres les plus belles que j'ai croisé. Notre relation est simple et sincère. Que je sois avec sa guilde ou pas, je l'aiderais toujours au besoin. Je n'aurai jamais pensé qu'elle me chercherait avec Roknir. Comme quoi c'est vraiment une amie.

Azen

Chef de la résistance. Toujours prés à en découdre avec les graciens. Ca me suffit. De plus, malgré qu'il soit sombre, j'ai confiance en lui. Il me l'a prouvé très tôt, lorsque j'attendais que le jumeau de Yukino sorte pour régler notre différent, il m'avait demandé si j'avais besoin d'aide m'ayant vu faire les cents pas. Ca ne risquait pas, déjà car son jumeau est taillé comme un crayon qu'on aurait rongé, et de plus, il n'a pas eu les couilles de sortir. En tout cas, Azen m'a prouvé ce soir là, sans chercher à connaître mon ennemis, que je pouvais compter sur lui. Je préfère les actes aux paroles. Il a les deux. Je l'ai rejoins et j'espère bien rester à ses côtés jusqu'à ce que Père m'appelle.

Fay

La seule personne que je n'arriverais pas à tutoyer. Je n'arrive pas à l'expliquer. Elle a quelque chose qui fait qu'elle a de l'emprise sur moi sans rien à avoir à faire. Une emprise bénéfique. Dès qu'elle chasse avec nous, notre groupe se sent bien. Elle est plutôt discrète, supportant Azen d'après ses propos, mais, en fait, ces deux-là vont tellement bien ensemble, que j'aimerais qu'elle nous rejoigne.
Elle m'a offert mes lames. Comment peut-on offrir de si belles lames à un type comme moi ? Elle est d'une générosité inégalée. Elle préfère fuir les questions plutôt que de mentir. J'aime beaucoup.
Elle a un souci d'allergie, mais, l'entendre éternuer nous rassure tous durant un entraînement ou une chasse. Je souris intérieurement quand je l'entends à chaque fois. Elle est native d'ici, et, pour des raisons compréhensibles, déteste les graciens à ne pas pouvoir les regarder. J'aimerai qu'on puisse tous les tuer pour qu'elle puisse se promener tranquille. En tout cas, j'ai amélioré mes lames et je ferais tout pour que son offrande serve à repousser nos ennemis.


Bien entendu, je pourrais citer ma maîtresse. Elle a toujours comblé un manque que j'avais, et elle le fera encore. Elle m'empêche ainsi de recommencer à coucher avec n'importe qui. Elle m'a toujours suffit. Et elle comble parfois ce lit vide depuis le départ de Yukino. C'est agréable. Peut-être même la seule chose que je trouve agréable en fait, à part tuer des graciens.

Je suis tombé si profondément dans un abysse que j'ai l'impression que plus rien ne peut m'atteindre. J'ai vu Kaizen blessé lors de la bataille, Hoela bien plus. Cette dernière m'a inquiété un peu. Je ne voudrais pas qu'il lui arrive du mal. Mais comme pour tous, je m'en remettrais vite. C'est ainsi la guerre. Il y a ceux qui meurent avec courage durant les batailles, ceux qui meurent par conséquences indirectes, et ceux qui préfèrent abandonner lâchement... Seule la première catégorie peut me toucher éventuellement.
En tout cas Père m'a bien fait comprendre ce qu'il attendait de moi. Et je le remercie de m'avoir fait subir tout ceci pour faire de moi ce que je suis aujourd'hui.
Je vais avoir un peu de temps, je vais l'utiliser pour m'occuper de toi Jax. Car venger Yukino ne m'intéresse carrément pas. On ne me fera pas croire qu'elle était dans une ruelle seule et sans se défendre serait morte. Non, je sais qu'elle a préféré lâchement partir, par quelles raisons ? Je m'en fous, une fois encore le blabla ne m'intéresse pas. Il ne me reste plus qu'à m'occuper de mon frère, pour que je sois enfin libre...

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Re: Le loup solitaire [BG Corwyn]

Message par Jax » dim. nov. 04, 2018 11:32 am

Le Loup-Noir


… Des heures que je regarde par la fenêtre, épiant toutes activités suspectes. Des jours que je suis cloîtré ici. Je sais qu'il va venir, il fait parti de ses hommes que seule la mort peut empêcher d'agir dès lors qu'ils ont une idée en tête.
J'aurai pu avoir une garde personnelle, étant donné mon rang, mais, je sais que ça ne l'aurait pas retenu, il sait être patient, il aurait attendu le bon moment et ça l'aurait encore plus énervé. J'espère juste qu'il me laissera le temps de parler. Il n'est pas homme à agir en traître. C'est d'ailleurs ce qu'il me reproche, peut-être à juste titre je dois l'avouer. Déjà dans notre enfance on se battait régulièrement, mais, j'avais le dessus à l'époque. Ces temps sont révolus. L'armée, la rébellion, et sa vie tragique l'ont rendu bien plus fort à présent. Le sous-estimer me serait fatal.
J'ai choisi cette auberge car elle est exiguë, un seul étage avec trois chambres, dont la mienne au fond du couloir. J'ai posté un homme en bas qui doit venir frapper trois fois, puis deux, à la porte pour me signaler que tout va bien, à chaque début d'une nouvelle heure. Rien de plus. Ca serait futile. Je doute qu'il agisse comme un assassin, en se dissimulant. Trop habitué à foncer dans le tas et à combattre en premières lignes. La mort de Lucie l'avait changé à jamais, on l'a perdu à ce moment...
Des bruits de pas dans le couloir, une démarche sure d'elle et pas faite pour se faire discrète. Puis, le code à ma porte enchaîné à une simple phrase ;

- Il est là ! En bas...

J'ai ordonné à mon homme de confiance de le faire monter de nous laisser par la suite.
A son entrée, j'étais toujours entrain de fixer dehors. Je l'ai aperçu dans le reflet de la vitre, portant ses habits habituels et sa capuche. Deux épées qui se croisaient dans son dos.

- J'ai appris qu'on t'avait bannis de nos terres natales ?


Il me fallait lancer la conversation, je n'avais rien trouvé d'autre à dire...

- Les gens n'ont pas de mémoire et ils aiment juger et condamner sans raison, ce n'est pas un fait nouveau... Je m'occuperais de ça plus tard...

- Ca fait un moment que tu me recherches, des mois à dire vrai... Tu connais mon rang, me tuer impliquerait bien des choses pour toi... Bien que je doute que ça te fasse changer d'avis.

Je me suis retourné lentement vers lui, pour lui faire face. Mon épée et mon bouclier étaient sur le lit, à environ deux mètres de moi. Je n'avais pas l'intention de m'en servir de toute façon. Corwyn restait immobile, les bras croisés. Il me fixait comme il aimait faire lorsqu'il parlait à quelqu'un. C'était gênant, mais on s'y faisait. Après quelques secondes il prit la parole ;

- Le mieux serait que tu te suicides en effet. Ca m'éviterait d'avoir les Elmoradiens au cul. Mais, j'imagine que tu ne le feras pas... Bref, de toute façon, je ne suis pas venu pour te tuer. Les choses évolues et, j'ai décidé de sortir de ma retraite militaire. Non pas pour rejoindre un de ces clans à la con qui ne veulent que le pouvoir, j'ai assez donné dans ce domaine. Mais, je vais rejoindre un équipage...

J'étais surpris de cette révélation. Celle concernant le fait de ne plus vouloir me tuer. L'autre ne me choquait pas du tout. Je ne l'ai jamais imaginé rester à pêcher dans un coin ou ce genre de chose.Il finira par mourir dans cette guerre c'est indéniable.

- Et en quoi je peux t'aider ? J'imagine que tu n'as pas fait tout ce chemin et ses recherches pour me dévoiler tes intentions ?

- M'aider ? Non, je n'ai pas besoin d'aide. Bien que tu puisses servir si le Cénacle continue de vouloir me faire la guerre, après tout, des étrangers à nos terres ne peuvent pas bannir un noble d'Elmoraden natif de ce monde sans raison valable ni preuves. Mais, je préfère encore régler ça moi-même, quitte à tuer celle qui m'a trahis par deux fois si elle continue dans sa politique du mensonge. Non, je suis venu te dire qu'une fois que je serais membre de l'équipage, qu'importe mon rôle, je deviendrais Corwyn le Loup-Noir. Je ne veux plus entendre mon nom de famille, ni même avoir affaire à toi ou à un autre membre de la noblesse, sous peine que ce dernier ne fasse un excès de mort. Prends ceci pour une promesse. Et si j'ai changé d'avis te concernant c'est juste que... Ta vie et tes actes parlent pour toi. Tu n'as pratiquement rien fait pour nos terres, pour les populations. Rien fait directement. Contrairement à toi, et quoi que puisse raconter certains incultes, j'ai donné de nombreuses années pour nos terres, pour la liberté et je compte le faire jusqu'à mon dernier souffle. Mais, le chemin que je prends à présent, n'est pas celui tracé par la bonne conduite ou l'attente. Je vais être corsaire sur Le Fafurion. Donc, mes choix, mes actes futurs, ne seront guidés que pour attaquer nos ennemis. Considère dès aujourd'hui que tu n'as plus de frère et, que je n'hésiterais pas une seconde à tuer tous ceux qui pourraient m'empêcher d'agir, moi ou l'équipage, sans remords...

- Tu n'as jamais vraiment suivi les règles de toute façon, je ne tombe pas de haut. Renier ton nom au lieu de me tuer pour l'éteindre par contre je ne m'y attendais pas du tout. Je sais que tu es quelqu'un de fiable, tous ceux qui ont combattu à tes côtés le savent, mais, ton passif, tout ce que tu as vécu te rendre dangereux.. Pour toi-même, alors bien que tu ne veuilles plus de moi, cela je l'ai bien compris depuis un moment, tu ne cesses de me le dire, sache que tu resteras mon petit frère à mes yeux et, mon cœur refuse tout simplement de te renier. Tu l'as dit toi-même, tu as beaucoup fait déjà, contrairement à moi, et pour cela, même de loin, je ferais au mieux pour qu'on ne te fasse plus d'histoires du côté de la noblesse.

Je l'ai vu esquisser un sourire, ça faisait longtemps que ça n'était arrivé. Il a peut-être fait la paix avec ses démons, ou il a décidé de les accepter. Quoiqu'il advienne, le voir si calme était habituel, mais tenir des propos sans animosités étaient plus rare. Corwyn le Loup-Noir semblait être plus posé bien que toujours aussi dangereux. En tout cas, il prit congé sans rien ajouter de plus, et j'étais en vie...
Il m'a fallu un moment pour comprendre le sens de sa visite. Il avait passé plusieurs semaines à me chercher, ça ne pouvait pas être juste pour me dire qu'il allait devenir corsaire. Sauf si bien sur il allait devenir un de ces pirates qui allaient piller sans raison tout ce qu'il pouvait. Dans ce cas il voulait s'assurer peut-être que je ne fasse rien contre lui. Non, il ne me craint pas du tout. Ni moi, ni personne. Puis, j'ai eu le dé-clique. Il était venu me mettre en attente. Si le Cénacle ne levait pas son bannissement rapidement, il allait agir, j'ignore de quelle façon mais, je faisais parti de son équation. Cela explique le fait qu'il ne m'ait pas tué. Il allait peut-être avoir besoin de moi. Le reste n'était que mise en scène...


Skrine le Petit-Noir

Nous avons combattu ensemble à plusieurs reprises, Aden, la Forteresse Blanche, en Orient et contre de gros monstres légendaires aussi. Il est le seul que j'ai rencontré à détester autant que moi les graciens. Dès que j'ai su qu'il recherchait un équipage, j'ai postulé. C'est un Ertéias assez défiguré. Peut-être du à de nombreux combats ou autres, je ne sais pas. Il a le teint gris et une longue queue de rat. Oui, je pense qu'il peut effrayer à première vue. Sans oublier les talismans de shaman qu'il possède. Mais, il est à mes yeux avant tout un vaillant combattant, il n'a pas peur, jamais je ne l'ai vu refuser un combat contre les graciens. Ca me plaît. Il ne cherche pas le pouvoir ou à dominer une ville, non, il veut attaquer nos ennemis. Ca m'a suffit pour accepter de sortir de ma retraite afin de le rejoindre. Il me connaît déjà et à fait de moi son Second. On a tombé pas mal de chopes pour discuter des objectifs principaux à effectuer au plus vite. Je suis fier de le rejoindre, bien que j'imagine que cela va être rude de recruter des gens assez courageux, et trompe-la-mort pour nous suivre...
Enfin quelqu'un qui ne veut pas passer son temps à attendre et à défendre une position. Je suis près à lui offrir ma vie pour ses projets contre nos ennemis. Vivement que ça commence, le goût du sang me manque...

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Jax
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Re: Le loup solitaire [BG Corwyn]

Message par Jax » ven. janv. 25, 2019 6:40 pm

Epilogue

L'idée de l'équipage n'était en fait qu'un leur. Il n' a jamais vraiment existé.
La vie fait ce que nous sommes. La mienne m'aura rendu amer, peut-être même triste quelque part. Non pas par mes choix mais, par ce que j'ai vécu. Que ce soit la découverte tardive des sentiments, la douleur qui en découle, les pertes, les trahisons, tout ça sur fond d'une guerre qui n'en finit pas. Enfin si, pour moi elle se termine. J'ai perdu les deux femmes qui ont compté pour moi, bannis de mes terres natales, plus confiance qu'en une seule personne, même plus en mes capacités. Un tout est composé d'un début d'un milieu et d'une fin. J'en suis à la fin de mon tout. Je suis loin d'être parfait, j'ai bien des choses à me reprocher, surtout dans mon adolescence. Mais, c'est ainsi que m'a voulu Père. Je l'ai toujours assumé. Je suis las de cette guerre, dont les actions se résument toujours à deux choses, diversion et taper les hybrides. Tout ça pour libérer des villes qui finissent cendres.
Il me reste une chose importante à accomplir avant de me retirer totalement de ce conflit. Je dois récupérer le caveau familial. Ca ne sera possible qu'avec l'accord de Jax. C'est pour cette raison que je ne l'ai pas tué. Il devait me servir à cette action si Xelane ne levait pas mon bannissement.
Je lui ai écrit pour qu'il me rejoigne sur la cité d'Arcane. Etrangement il est venu seul, je m'attendais à le voir accompagné d'une garde et de servants, mais non. Nous nous sommes rendu sur le flanc de la cascade pour discuter ;

- Merci d'être venu. Je ne vais pas perdre de temps, il m'en manque déjà assez. Je veux faire évacuer notre famille d'Orient, que je puisse me recueillir tranquillement...

A son regard je compris qu'il ne s'attendait pas à ça. Il prit un petit moment, humant l'air si pur dans cette région avant de me répondre ;

- Je me doutais bien que j'allais servir à quelque chose. Mais, je m'imaginais plus t'aider à te venger du Cénacle, ou quelque chose du genre...

- Me venger ? Non. Ils ont préféré s'en prendre à moi plutôt qu'à la personne venue insulter et menacer la régente, cela prouve bien leur mentalité, et j'étais absent, sans pouvoir me défendre. Je ne vais pas me rabaisser à ce genre de chose. Mon combat n'a toujours concerné que les graciens. Et il prend fin aujourd'hui. Je ne suis donc même plus un guerrier ou autre, plus qu'un civil lambda. Je suis bien trop amer sur ma vie et las des conflits pour me perdre en vengeance. Fut un temps, je l'aurai tué, tout comme toi je dois l'avouer. Mais, à quoi bon ? Ma haine éternelle n'est plus mon frère. Tout comme ceux en qui j'avais confiance. Tous morts ou disparus. Accepte ma demande et organise le transfert dans les règles et les coutumes d'Orient. Fais ça pour moi, et je ne te reverrais plus jamais.

- Je vais le faire. A deux conditions. La première consiste justement à ce que tu restes en contacte avec moi régulièrement. Car je me suis rendu compte que c'est toi qui avait raison. Tu t'es engagé sous un faux nom dans l'armée pour ne pas avoir de passe-droit. Ca t'a valu de te retrouver en premières lignes. Tu as essayé de créer un beau projet avec la sombre, et il perdure encore. Tu as été dans la résistance et combattu avec eux à maintes reprises. Tu n'as jamais refusé de risquer ta vie malgré tes idées différentes. Malgré tes douleurs... J'aurai du faire de même et être ton exemple. Tu n'en as pas eu pour le coup. Ce que tu es tu te le dois à toi-même et je suis fier de mon petit frère. Et tes erreurs sont infimes à mes yeux par rapport à ce que tu as accompli seul. Je comprends ton choix de te retirer de ce conflit. Je l'approuve même. Maintenant, c'est à moi de prendre la relève. Ce qui m'amène à la deuxième condition. Tu as beau paraître comme un simple amateur de rhum traînant les tavernes, nous deux on sait que notre éducation nous a formé aux us et coutumes de ce monde. Faire ce que tu me demandes sera mal vu par certains, car ils en ignoreront la raison. Je veux que durant tout le cérémonial et le trajet, tu ne dises un mot. Que tous pensent que nous sommes encore en froid. Que je puisse par la suite expliquer à nos amis, ceux de notre famille, ce choix. Tu vas devoir encore une fois endosser la responsabilité totale de ce choix. Je dirais n'avoir agit que par compassion envers mon dernier frère...

Je me suis mis à balayer l'air de ma main d'un geste désinvolte avant de rétorquer ;

- Ouai ouai si tu veux. Je veux être juste près d'elle. Si pour cela je dois encore une fois endosser le mauvais rôle soit. Pour la première condition par contre, je te remercie de tes mots mais ils glissent sur moi sans me toucher. Tu as fait tes choix de vie, j'ai fait les miens. Notre jeune frère m'a rejoint et il en est mort. Tu as préféré fuir avec la noblesse d'Elmore et tu es en vie. Tout ceux qui se sont trop approché de moi, sont morts. Je suis un porteur de trépas. Je l'assume. Ainsi l'a voulu Père. Pour le reste c'est du blabla. Je n'en ai rien à faire de ce que tu penses de moi ou même les autres. Seul le jugement de Père m'importe. Et tout le sang que j'ai fait couler était pour lui. La ou tu dis être fier, je dis vanité, là ou tu dis courage je dis survis, rien d'autre. Je n'ai pas changé de nom que pour les passe-droit, mais aussi pour vous renier à l'époque. Mes idées différentes, comme tu dis, sont justes du fait que je sois un Kaïniste, pas comme certains qui pleurnichent pour une poignée de gens dans une guerre qui en font des milliers. M'as-tu déjà vu pleurer mon frère ? M'as-tu déjà vu regretter un de mes actes ouvertement ? Non car tu ne connais rien de moi. Je te le répète, si tu es en vie aujourd'hui c'est uniquement car j'ai besoin de toi pour déplacer le caveau familial. Je l'avais anticipé la non-action de Xelane pour régler le souci malgré ses mots. Alors ne te fait pas d'illusions, je n'ai pas besoin de jouer pour ne pas te parler et ne rien dire durant le cérémonial. Et je vais même t'aider à t'expliquer, car dans le fond, soit tu acceptes, et tu vis, soit tu refuses et je te tue maintenant.

Durant mon monologue mon regard c'était assombri. Je repensais à ce qu'il avait fait faire à mon mentor, et ça lâcheté avec tant de nobles qui ont fuit. J'avais envie de l'égorger sur le champ. Comment pouvait-il croire qu'on allait devenir d'un coup de véritables frères ? Il veut prendre quelle relève ? Combattre sur un champ de bataille n'a rien à voir avec des tournois. Même si je le sais capable de le faire, il n'est pas mauvais dans ce domaine. Mais, les années restées à ne rien faire pendant que je passais mon temps au combat ou à l'entraînement, ont fait que je lui étais, à présent, largement supérieur. Il le savait. Il n'y a pas de relève à prendre. Juste notre route à suivre, et la mienne se terminera seul.

- Je vois que tu n'as pas changé sur le fait de ne pas aimer les conditions. Et malgré tes propos, et ta menace, je vais le faire pour une seule raison. Pour elle. Tu nous a tous enterré avec ce drame, et je suis persuadé que maintenant que tu te résignes à te recueillir, cela va t'aider. Ta haine a disparu comme tu dis, mais je le vois à ton regard, tu pourrais encore faire couler le sang sans aucun remord. Si la présence de notre famille peut te garder raison, je vais le faire. Qu'elle soit sur Orient ou autre, ne changera rien après tout. Ce ne sont plus nos terres, depuis le premier jour ou les graciens sont arrivés. Même si je te sais attaché à celles-ci, tu en as sûrement fait le deuil déjà...

- Prépares donc tout ça au plus vite...

La discussion durait de trop pour moi. Je me suis levé et je suis parti...

Tout le cérémonial pour récupérer le caveau se passa très bien. La route fut longue, près de deux semaines en tout. Sur la route on a appris que les gens avaient aidé Zaken à prendre la cité vampirique. Ils aident un revenant maudit... Une fois que nous sommes arrivés au nouveau lieu, j'ai remercié un à un les gens qui ont permis ce transfert, c 'était une façon élégante aussi de prendre congé d'eux. Il ne restait que Jax. Il avait l'air troublé, peut-être en cause la missive qu'il venait de recevoir, j'allais bientôt le savoir...

- Orient est en flammes... -Me lança-t-il d'un coup-. Les graciens ont débarqué.

- C'est ça de les sous-estimer. Tout comme Aden, au final, l'occupation gracienne n'était pas pire pour les habitants... Ils sont venus de nul part, on voulu libérer les villes, profaner les lieux saints pour en faire des tavernes. Les dieux ne peuvent le tolérer. Ce ne sont pas quelques offrandes qui changeront leurs actes. Ils n'ont que ce qu'ils méritent. Va pleurnicher avec eux si tu veux, je suis Kaïniste, Père aime le sang, la destruction, et pas qu'avec des offrandes, ça te touche je le vois bien, moi, je m'en fous royalement. Tu es comme la plupart des pseudo Kaïnistes venus d'ailleurs, à te lamenter dès qu'il y a des morts, du malheur. Tu n'es pas digne de Lui. Vas donc chialer avec eux au lieu d'agir. Car, s'ils avaient voulu vraiment se bouger le cul, au lieu de ne penser qu'à leurs petites cités, ils auraient attaqué les graciens. Azen est capable soi-disant de tenir une légion à lui tout seul, alors pourquoi ne pas agir ? Parce qu'ils s'en foutent et ne pensent qu'au pouvoir. Ils en reçoivent maintenant le retour de bâton. Les graciens ne sont qu'au début, ils vont montrer leur puissance de plus en plus, bien qu'ils soient débiles d'avoir attendu pour le faire.
Orient est en flammes ? Et tu penses que ça va m'affecter ? Je regrette juste de ne pas avoir pu être sur une hauteur pour contempler le spectacle. Père l'a voulu ainsi, et je suis son fidèle. Donc non, ça ne m'affecte pas ni ça ni plus rien d'autre...

Le ton calme que j'ai utilisé durant ma réponse, sans quitter le caveau de la famille des yeux, a du lui faire comprendre que je pensais chaque mot prononcé. Mais c'était faux. J'étais énervé au fond de moi. Car en fin de compte, ces sombres shilénistes n'ont fait que détruire nos terres. A vouloir s'enfermer dans leur coin, ils n'ont eu sûrement que la résistance comme aide. Et c'est déjà bien, sinon ils auraient tous péris j'en suis sur. Quand on se croit supérieur à tous et aux graciens, on court contre un mur en pierre tête baissée. Je leur en veux pour la destruction de nos terres natales, de ne pas avoir su les protéger, tout comme sur Aden. Mais, tout cela ne me concerne plus...

Jax commença à partir puis, tournant la tête sur le côté légèrement me dit ces quelques mots avant de prendre congé ;

- Ta haine a été remplacé par l'amertume. Je conçois que tu veuilles rester ici, seul. Tu l'as souvent été de toute façon. Que Père t'apporte la paix que tu mérites petit frère et te rende un jour, pourquoi pas, ton cœur...

Je suis resté des heures devant ma petite soeur et mon petit frère. Ils ne sont plus qu'un tas de cendres, je ne suis plus rien...

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Jax
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Re: Le loup solitaire [BG Corwyn]

Message par Jax » lun. déc. 02, 2019 10:49 am

Une dernière résolution

… Le vent était en fête ce matin-là. Les feuilles s'enroulaient dans un tourbillon avant d'être projetées quelques mètres plus loin. La surface de l'eau, d'ordinaire calme, était recouverte d'ondulations des plus prononcées. Malgré tout, la température n'était pas si basse. La ligne bougeait de trop et impossible de la tenir avec une stabilité nécessaire pour une bonne séance de pêche. Il fallait se résoudre à oublier l'idée pour l'instant. Assis, scrutant un horizon des plus chaotique, avec comme seul son, le bourdonnement du vent, l'humain repensait à la veille...

En ce début de soirée, le soleil commençait tout juste à décliner dans le ciel, tout semblait ordinaire. Le village était aux préparatifs du repas et de la fête qui allait suivre en l'honneur des chasseurs, revenus après un périple de plusieurs jours. Cela faisait plusieurs mois qu'il était avec eux. Dans un premier temps, l'arrivée d'un étranger inquiète la populace, puis, elle s'interroge. Pour finir par l'accepter, si ce dernier, comme ce fut le cas, ne cherchait rien d'autre qu'à se poser et à participer à la vie de la communauté. Il eut beau dire à tous n'être qu'un simple pêcheur, il ne fallait pas avoir fait de hautes études pour s'apercevoir que ce ne fut pas toujours le cas. Ses cicatrices, son armure et ses armes prouvaient bien un passé des plus tumultueux. Pourtant, personne ne lui posa de questions. Pas très bavard, si ce n'était pour sortir des phrases sarcastiques, il fut assez vite adopté par le village...

Les hommes avaient rapporté de nombreux vivres durant leurs chasses. Le festin qui se préparait aller être des plus ragoûtant. Les musiciens s'échauffaient, les femmes commençaient à danser, pendant que les autres faisaient couler la bière à flot. La tradition de ce village voulait que le repas se passe au centre de la seule place. Certains étaient assis, d'autres, assiettes en main, discutaient et riaient. Comme à son habitude, le Loup-Noir s'était installé contre un arbre et profitait de l'ambiance. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas autant sourit. Il se plaisait avec ce peuple, aux coutumes bien différentes des siennes ou celles qu'il a connu. C'était de vaillants chasseurs, artisans, fermiers ou autres. Tous étaient sous la responsabilité du chef, qu'il nommait « Jarl ». Ce dernier avait un bras droit responsable de la sécurité et des sorties en groupe, qui portait le titre de Heirish. C'était en l’occurrence une femme. Une guerrière très habile et douée avec plusieurs armes. L'humain ne s'était jamais illustré avec ses lames, n'utilisant depuis son arrivée que sa canne à pêche. Ce n'était pas les provocations qui manquaient pourtant. Une des coutumes les plus récurrentes étaient de se battre avec férocité contre une personne, ils se blessaient souvent mais, jamais gravement, le but était, dans cette communauté virilisme, de prouver sa supériorité, ou simplement de s'amuser. Ceci dit, les femmes avaient un statut important et elles étaient très respectées. Comme dans certaines villes d'Elmore, ce village avait des esclaves, nommés traells, mais, ils n'étaient pas enfermés et participaient activement à la vie quotidienne, pouvant ainsi espérer une émancipation. Ce qui n'était pas rare. Tout ceci le fascinait. Et, ce soir-là, l'inévitable allait se produire...
Freydís s'approcha de Corwyn, assiette en main. Elle le regarda, sourire en coin, tout en engloutissant son pilon de poulet. Une fois fait, elle prit la parole ;

- Björn m'a dit que tu étais dans l'armée. Montres-moi ce que tu sais faire, une fois ton assiette vide.

Il avait refusé chacune des provocations jusqu'à présent, car elles venaient de simples bondi. La, il s'agissait de la Heirish. Nul ne peut discuter ses dires. Avec un simple hochement de la tête, il acquiesça. Une fois son repas finit, il revêtit son armure et pris ses deux épées. Cela faisait longtemps qu'il ne les avait pas eu en main. Et le combat qui s'en suivit le prouva. Freydís était très adroite avec ses deux haches. Rapide, précise et puissante. Le duel attira l'attention de tout le village, tant il fut agréable et indécis. Mais, la Heirish prit le dessus avec une belle feinte qui renversa l'humain au sol. C'est avec une main tendue par son adversaire du soir, qu'il pu se relever. Tous deux furent applaudis. Et Corwyn fut félicité, malgré sa défaite, car il se battit avec honneur et férocité. Maintenant, tous le savaient, le Loup-Noir n'était pas qu'un simple pêcheur...

C'est en repensant à ça qu'il fut surpris par l'arrivée de Björn à ses côtés, près de ce lac. Les deux hommes restèrent un moment à scruter le vide avant que le nouvel arrivant ne se mette à parler ;

- Le Jarl aimerait que tu participes au prochain raid. Nous allons partir voguer pour visiter des terres inconnues. Tes lames nous seraient utiles...

- Grâce à votre hospitalité, ma famille repose en paix à quelques mètres d'ici. Si c'est ainsi que je peux vous remercier, alors c'est avec plaisir.


C'est ainsi, qu'après de nombreuses virées avec ce peuple, que Corwyn sortit de sa retraite et, empoigna ainsi de nouveaux les armes.
Il était temps pour lui de retourner en Elmore, combattre ces maudits graciens. Le Jarl accepta qu'il porte le même statut que lui s'il le désirait, c'est donc avec la force et l'honneur de tout le village qu'il reprit la route vers Orient avec comme objectif d'agir discrètement, du moins dans un premier temps. C'est ainsi qu'il créa Ängel Damm, avec les mêmes coutumes que ce peuple qui l'avait accueilli...

Quelques mois plus tard, il était de retour...


- As-tu eu tes réponses ? Ton plan a fonctionné ?

-Je dois avouer que oui. La première partie, faire parler d'Ängel Damm, c'est bien passé. La deuxième, qui voulait faire réagir les graciens, également. Puis la véritable raison de tout ça est arrivée. On sait à présent que l'Ordre, le Bastion Lycan et Onyx travaillent pour ou avec eux, alors qu'ils pourraient facilement les combattre. Qu'Orient a perdu son courage et préfère négocier avec les graciens qui n'ont rien à faire dans une cité dite libre. Non, il en résulte qu'en fait aucune cité n'est véritablement libre. Ils peuvent venir à leur guise et menacer sans avoir peur de représailles. Ils ont eu le pouvoir des géants et s'en servent uniquement pour jouer aux régents. Qu'importe les autres, ce qu'ils subissent. Ce continent est tombé et perdu par appât du gain. Contre toutes attentes, les seuls qui m'ont offert leur aide sont Rouages. Je n'ai pas voulu continuer pour ne pas leur nuire. Ils n'ont pas encore les moyens de se défendre contre eux. Et finiront sûrement, eux aussi, par discuter avec l'ennemi.

- Quelles tristes nouvelles, bien que pas surprenantes. Que comptes-tu faire à présent ? Retourner là-bas ?

- Non... Je ne participerais pas à cette mascarade, ma mémoire et l'honneur de tous ceux morts contre eux ne peuvent le supporter. Et je ne peux pas combattre tout un continent, tous ses clans seul ou avec quelques alliés. C'est une cause perdue. En fin de compte, dès le début leur but n'était pas de libérer les cités, mais de les contrôler même s'il fallait pactiser avec l'ennemi pour cela. Pathétique. Et si encore ils se suffisaient à cela, mais non, en plus ils en veulent encore plus empêchant les autres d'agir. Entre les graciens qui contrôlent Fafurion, la cité Nécrotique et la cité de Glace, et l'Ordre qui directement ou par alliance contrôlent Aurakia, le Bastion Lycan, Onyx, Arcane certainement et font savoir qu'ils mettent qui ils veulent à la tête d'Orient, je me demande qui sont les envahisseurs à présent sur ce continent... Je dois juste m'y rendre une dernière fois pour aider mes compagnons dignes de confiance, et ils sont peu, en leur donnant mes possessions. Et, je reviendrais par la suite ici aider ton village du mieux que je peux.



Il est vrai que le continent avait bien changé. Et ceux qui pouvaient le libérer, préféraient ne rien faire. C'est ainsi que des solutions extrêmes prenaient formes. Comme briser les sceaux, ou bien tout simplement pactiser avec l'ennemi. Il n'était plus question de les combattre, il n'était plus question des graciens uniquement. Il était question d'un groupe puissant voulant se mêler de tout et de partout, pour s'imposer. Une nouvelle menace rien de plus pour la liberté, mais après tout, si tous l'acceptaient, pourquoi pas ? Mais pour Corwyn, il était temps de ranger à nouveau les armes et de rentrer chez lui. Loin de ses terres natales, loin de ce continent qui ne ressemble plus à grand chose, ou la plupart se comporte égoïstement, laissant les enfants et les civiles se faire massacrer, sans rien dire. Mais, ou une simple affiche les font agir car elle est contre un gracien. Le même qui tue des enfants, qui torture et mutile, mais il l'a le droit de le faire, ce n'est rien. La peur est une douce maîtresse comparée à cette aberration.
Un dernier trajet sur ce continent et il disparaîtra à jamais, loin de toute cette folie, loin de ce monde illogique et sans mémoire. Que de morts pour en arriver là. Que de sacrifice pour rien. Tous ont péri pour rien. Quel gâchis et quelle honte à ceux qui pourraient se battre ou lieu de fermer les yeux pour quelques miettes qu'on leur laisse...


« ...Je me souviens de notre enfance. De tes rires, de tes pleures. De ta façon de voir le monde par tes yeux d'enfant. De nos jours, les enfants ont peur, comme tout le monde. Pourtant la peur, comme me l'a appris mon mentor Kaïniste, provient d'un seul fait. L'anticipation. Si on ne touche pas le fer rouge c'est par peur de se brûler car on le sait. Si on ne saute pas de trop haut c'est par peur de se casser, au mieux, une jambe. On anticipe les douleurs, alors la peur apparaît. Elle est légitime parfois. Ma véritable peur était de te perdre. Puis ensuite, celle d'aimer. Pour ne avoir à revivre cette douleur. Mais, on ne contrôle pas nos sentiments et, par deux fois, cela s'est produit. Les Orientaux sont devenus un peuple de martyrs, avec plus aucun courage, se laissant dominer. J'en suis la cause en partie. Je n'aurais jamais du créer ce Cénacle qui se devait tourné vers la science et la culture, et qui n'a rien été de tout cela. J'aurais du tuer celle qui l'a détruite et qui a disparu ensuite, ne laissant que des ruines. Mais, je ne pouvais pas m'y résoudre. Je lui avais promis de ne jamais rien faire contre elle. Et je ne suis pas un sombre, versatile et sans parole. Je ne suis qu'un humain, un survivant. Parfois par chance, parfois par stratégie et, souvent par idéalisme. Les temps changent, les gens changent. Ils acceptent leurs destins si la peur prend le dessus. Tu m'as appris ceci, qu'il vaut mieux souffrir et avoir aimé, que de vivre heureux sans avoir connu l'amour. Je t'aime ma petite sœur, tu me manques à chaque instant, à chaque souffle de ma personne. Tu sais au combien j'ai fait des choses inacceptables, combien de sang j'ai sur les mains, j'ai participé à la « libération » de trois cités, je le regrette à présent. Mais de tout ceci, je te le jure, je ne regretterais jamais le fait de t'avoir fait venir loin de nos terres natales pour reposer en paix. Sinon, tout comme le reste, tu ne serais plus qu'un souvenir lointain, réduite à néant. Je serais utile ici, contrairement à là-bas. Il n'y a plus rien que je ne puisse faire pour ce continent. Tant d'années offertes à ce combat, tant de sang, pour tout offrir à des gens qui ne le méritent pas. Je t'aime et chaque souffle qui me reste, sera pour toi et uniquement pour toi. Que tu sois fier de ce que je fais ici, pour cette petite communauté, loin de cette folie...
Affectueusement, ton frère, Corwyn. »


Il déposa la lettre sur sa tombe et, il resta un long moment sur place. Puis, ce fut l'heure du dernier trajet vers ce continent qu'il ne reconnaissait plus...

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Re: Le loup solitaire [BG Corwyn]

Message par Jax » lun. nov. 16, 2020 1:15 pm

Perdition ruine de l'âme par le péché
Le vent qui soulève les feuilles dans un sifflement qui résonne dans ce couloir fait d'arbres et terre. La brume couvre une partie du sol et l'air frais parcoure tout obstacle vivant à les faire légèrement frissonner. Voilà que l'automne s'est imposé. Avec ce doux mélange de rouge, d'orange, de marron et de vert. Quel magnifique prologue à une saison bien plus rude qui lui succédera. Il est bien plus aisé de se promener discrètement dans les forêts à cette époque. Le tapis de feuilles ayant quitté les arbres absorbent les pas, d'autant plus si elles sont mouillées. La visibilité est moindre avec la brume matinale et les lieux dégagent une odeur bien présente. C'est parfait pour les chasseurs saisonniers mais, également quand la proie traquée est un autre humain. C'était le cas depuis déjà trois jours. Il suivait sa piste depuis son évasion du camp. Coupable d'avoir volé la bourse d'un artisan, il fut condamné à quatre mois de travaux et de captivité le reste du temps. Rien de bien grave tout compte fait. Mais, afin de faire diversion pour prendre la fuite, il alluma un feu en pleine journée. Sans doute n'avait-il pas pensé que ce dernier allait très vite s'étendre avec le vent en ce mois d'Octobre. Son plan lui permis de fuir. Mais, le feu devint incontrôlable. Et bien qu'aucune perte ne fut à déplorer, les dégâts et les pertes matériels étaient conséquents. Tous étaient furieux contre lui mais, une personne l'était encore plus. Quand il se rendit compte que le seul souvenir de sa défunte sœur avait succombé aux flammes, il prit ses deux épées et prit la direction indiquée du fuyard...

Il ne devait plus être très loin. Le feu éteint fumait encore et il devait être affamé pour prendre le risque de cuir un quelconque gibier étant poursuivit. Quelques heures plus tard, il le vit. Assit tranquillement, haletant contre un arbre. Lorsque l'humain vit le Loup-Noir, il se figea, ne pouvant plus bouger. Incapable de fuir à nouveau, de toute façon il était trop tard, il ne lui restait plus qu'à se relever espérant la clémence de la part de cet homme. Après avoir déposé les armes, Corwyn se rua sur sa victime, le frappant avec rage quelques coups, car il n'en fallu pas plus pour qu'il s'effondre. Le poing levé, l'homme au sol et déjà en sang, s'attendait à sentir une pluie de coups venir. Mais il n'en fût rien. Il regardait son agresseur, ce dernier tremblait de rage, le regard noir malgré ses yeux bleus, prêt à le frapper à nouveau, se retenant pourtant. Il finit par ouvrir le poing, lui tendant la main pour l'aider à se relever. Que se passait-il ? Récupérant comme il pouvait, l'auteur du larcin initial regardait d'un air interrogateur Corwyn. Il se passa un petit moment avant que ce dernier ne prenne la parole ;

- Plus au sud, tu trouveras des provisions et des bateaux commerciaux qui pourront t'amener où tu désires. Si un mot sort de ta bouche... Ca sera le dernier.


Il lui tendit une bourse et l'aida à se relever. L'homme voulait dans un premier temps le remercier mais, se rappelant sa dernière phrase préféra juste hocher la tête en guise de salue, avant de prendre congé...

Le Loup-Noir prit la place de sa proie contre cet arbre ensanglanté. Assis depuis un long moment, c'est une voix derrière lui qui le sortie de ses pensées.

- Tu ne l'as pas trouvé ?

C'était Ängondrus, un chasseur qu'il appréciait bien, avec qui il passait beaucoup de temps ces derniers mois. Après avoir fait un signe de négation avec la tête, son nouveau compagnon d'arbre prit place à ses côtés.

- Tu ne m'en voudras pas, de ne pas te croire... Tu ne sembles pas blessé et, pourtant il y a du sang au sol...


Corwyn le regarda un instant avec un sourire en coin, avant de répliquer ;

- Peut-être celui d'une loutre paraplégique ?

- Sûrement...

Les deux hommes se mirent à rire juste après.

Sur le chemin du retour ils échangèrent quelques blagues afin de se détendre. Puis, vint l'heure d'aider à réparer les dégâts. Cela prit plusieurs jours mais, la solidarité finit par payer. Tout était comme avant. Sauf Corwyn. Lui avait bien changé avec le temps. Il avait réussi à oublier la guerre, les douleurs passées, les déceptions et les rancœurs. Etait-il pour autant devenu un homme sage ? Pas si sur, mais, au moins, il savait se contrôler à présent et puis surtout, il lui arrivait de sourire, voir même de rire.

Il ne se passait pas un jour sans qu'il passe voir la tombe de sa sœur. Ce soir là, il savait qu'il ne pourrait pas y revenir avant un petit moment. Il décida donc de rester à ses côtés toute la nuit.
Dès l'aube, il retourna au village préparer ses maigres affaires avant d'aller voir le Jarl pour le saluer avant son départ. Ils échangèrent quelques mots puis, l'heure du départ était venue.
Il avait hâte de rencontrer les nouvelles recrues du Jarl Brouss. Elle lui avait écrit plusieurs fois lui expliquant ce qui se passait sur le continent. Ängel Damm semblait devenir une famille soudée. La curiosité finit par gagner, il était temps d'aller voir ça de plus près...

… Que de changement d'un coup. Le continent était devenu presque calme. Une impératrice gracienne aimée de beaucoup. Tolérante il paraîtrait même. Ce qui était sur, c'est que les terres orientales étaient devenues prospères. La reine des lieux avait fait visiter le moindre recoin à Corwyn pour fêter la levée de son bannissement. Des plantations, des écuries, des réserves de blés entre autre, des épices, toutes les couleurs et les odeurs de son enfance étaient revenues. Il ne pouvait s'empêcher de penser à sa sœur à ce moment là. Enfin la paix dans ces terres. Il restait à savoir pour combien de temps ?
Il pris le temps de rencontrer les membres de la guilde. Syrah, une Erthias sur vitaminée et bonne cuisinière, Matteo, un humain aux reflets souvent bleus émanent de son armure, qui était le diplomate. Azur, le bras droit du Jarl Brouss, un elfe, ancien militaire, qui faisait penser à ces gradés qui aimaient prendre le temps de la réflexion, pas du tout instinctif comme il le fût lui-même. C'était le noyau dur d'Ängel Damm. Ensemble ils décidèrent de changer l'orientation et le but de la guilde. Désormais, ils seraient voués à défendre les peuples contre toutes menaces. Tout était bien rodé dans l'organisation. Corwyn ne servait à rien et ça lui plaisait, bien qu'il essaya parfois de jouer au diplomate entre deux membres, cela ne lui allait pas vraiment...
Aden avait changée de reine, Paenavia en était devenue la souveraine légitime. Il l'a connaissait, elle aussi fut contactée par l'Unique, la mystérieuse Voix. De ce qu'il a appris, elle eut des soucis à cause de son engagement ou de ses choix. Mais, rien qui n'intéressait le Loup-noir. Au contraire, il appréciait beaucoup cette Erthias. La guilde c'était d'ailleurs installée dans l'ancienne capitale du continent. Pour le reste, on ne peut pas dire que Corwyn s'est vraiment intéressé à la situation. Il avait beau donner le change, il avait quand même un soucis à régler avec lui-même. Et si les gens avaient raison sur cette gracienne qui semblait être tolérante ? Comment est-ce possible ? A ses yeux ils étaient tous pareils...

… Il y a eu un tournoi organisé sur Aden. Pour avoir le titre de « légende ». Forcément, Corwyn, n'ayant jamais aimé ça, même quand ses parents le forçaient à aller les voir du à leurs rangs, il n'étais pas très motivé. Il ne fût donc pas présent quand vers la fin du spectacle, des assassins tentèrent de tuer Dayos, la fameuse souveraine gracienne clémente. D'après les rumeurs, ils auraient réussi leur coup. D'ailleurs les corps des soldats graciens tombèrent au sol sans vie. C'est ce que remarqua ce matin là Corwyn en premier, sans en connaître encore la raison. Il n'y avait que ça dans la bouche des gens à cette heure matinale. Il fut aisé d'apprendre la raison et ce qui c'était passé la veille. Il décida de réunir les corps sans vie dans les cités plus ou moins abandonnées. En commençant pour la cité du nord, qu'il refuse d'appeler la « cité nordienne », ce nom lui écorche les oreilles, presque à les faire saigner. Ce qui fut étrange, c'est l'arrivé de Azur. Voulant l'empêcher de le faire. Pour quelle raison ? Aucune de rationnelle, car pour Corwyn éviter de laisser traîner des cadavres aux yeux des populations semblait logique. En fait, la seule raison valable que conclu le Loup-noir, était qu'il était considéré comme un assoiffé de sang gracien. Qu'il allait en profiter pour... Peut-être les mutiler ou autre... Il n'en était rien bien évidement. Mais la réaction de son Hierish le troubla toute la journée. Et ce n'était que le début d'une rude journée pour sa santé mentale...

Il passa le reste de la journée dans son coin à repenser aux dires de l'elfe. Sachant que même Matteo était venu le voir quand il a nettoyé le cité de Fafurion, déposant les corps dans des barques. Pourquoi pensait-il qu'il était si infâme ? Prêt à mutiler des corps pour le plaisir. Bien sur, à l'époque il avait utilisé le sang des soldats graciens pour menacer l'empire envahisseur, mais c'était dans le contexte de la guerre. Du moins, c'est ce qu'il pensait à l'époque. Car une rencontre allait tout changer en ce début de soirée...
A ce moment-là, les villes, sous emprises graciennes, furent à nouveau sous autorité des anciens hybrides. Les mêmes qu'il avait combattu. Il ne voulait pas que ça recommence comme avant, il sauta sur son cheval et, à vive allure, se rendit sur les champs de Floran. Sa lance accrochée à sa monture, ses deux épées dans le dos, il hurla à l'entrée du village :

« Vous êtes de retour !! Ca tombe bien, moi aussi !!! Mais, je vais être sport, je vous laisse quatre-huit heures pour quitter le continent !!! »

Il s'attendait à voir venir à lui Dorian, ou l'un de ses disciples. Mais ce fut une officier qui s'approcha de lui, ses gardes derrières mais nullement menaçant. Ce qui a eu pour effet de déstabiliser Corwyn. Elle lui demanda ce qu'il voulait et pourquoi les menacer. Il lui répondit qu'il ne laisserait personne s'en prendre aux peuples. Normalement, la réaction à laquelle il s'attendait, aurait été de se retrouver en combat rapidement avec eux. Mais, non, la femme lui demanda pourquoi il pensait cela, car ils étaient là pour sécuriser les lieux depuis la mort de leur impératrice. Il s'était visiblement trompé. Il descendit de son cheval pour s'approcher d'elle. Là encore, il était prêt à réagir, les gardes allaient lui sauter dessus. Une nouvelle fois, rien. Des graciens seraient-ils réellement capables de parlementer? Elle en tout cas, oui. Elle se présenta comme étant l'officier Isabella Delame. Corwyn fit de même, n'oubliant pas de préciser qu'elle le connaîtrait peut-être sous le nom du « Loup-noir ».

« Le terroriste ? Celui qui a attaqué et signé des menaces avec le sang de nos soldats ? »


Il ne le nie pas. Ce qui fut un choque c'est la suite de son récit. D'après elle, les soldats en place à l'époque n'étaient pas là pour maltraiter les peuples, mais pour sécuriser les villes. Ca serait de sa faute si Dorian serait venu afin de chercher celui qu'ils nomment le « terroriste ». Ce n'était pas sa vison des faits. Cela faisait environ vingt ans qu'il les combattait à l'époque. Que ce soit dans l'armée, ou dans la résistance par la suite. Il n'avait juste jamais cessé de les combattre, sans savoir si c'était pour une bonne cause. Mais, il avait à présent une vision des événements d'un autre point de vue. Celui de l'ennemi. Ca n'aurait pas du l'affecter, mais cette Isabella semblait tellement différente des autres graciens qu'il avait rencontré. Si ce n'est le fait de ne pas avoir lancé ses gardes sur lui déjà. De lui avoir demandé s'il avait déjà essayé de parler avec un gracien ? Bien sur que non. On ne parle pas avec ceux qui ont tué et mutilé tant de proches, de soldats, d'innocents. Mais, il avait tord et, il venait de le comprendre. Le reste de l'échange fut étonnamment courtois avant que Corwyn ne prit congé...

Il n'a pas été bien loin. Son regard devint noir. D'ordinaire c'était face à un ennemi, quand sa haine est trop grande, qu'il avait ce regard. Là, le soucis, était que cette colère était orientée vers lui-même.
Comme tout bon kaïniste qui se respecte, il commença par s'en prendre à tout ce qu'il avait sous la main. C'est à dire pas grand chose, si ce n'est quelques bestioles et un arbre... Il venait de prendre conscience qu'avec le temps, tout ce sang, il était devenu à l'époque ce qu'il combattait sans s'en rendre compte. Il erra par la suite dans certaines cités, commençant par Orientale, ou il commença à boire. Puis, Aden. Là, au fond de lui il espérait revoir cette dame, qu'il s'amusait à nommer Sharon. Pourquoi vouloir lui parler ? Il ne le savait pas lui même. Mais, de toute façon elle n'était pas là. Il finit donc sur Gainak. Une, deux puis trois bouteilles de rhum ont eu raison de lui. Comme un ivrogne lambda, il s'endormit dans un coin de la taverne... Il avait pris soin avant tout ça d'écrire à chacun des membres de la guilde, et même à cette Isabella. Cette dernière étant pour s'excuser et lui dire qu'il n'était pas un « terroriste », juste un soldat qui s'est perdu avec le temps. Pour les autres, il leur avait indiqué qu'il ne serait plus le « Loup-noir » et qu'il n'était plus apte à faire grand chose pour eux, si ce n'était de les aider à réaliser leurs objectifs. Mais, qu'il ne participerait plus à leurs choix ou autres. En effet, le Loup-noir mourut cette nuit et, Corwyn s'était perdu dans les méandres de l'alcool. D'un coup, tout s'est effondré pour lui. Bien sur il avait conscience qu'il n'était pas un saint, loin de là. Mais, il pensait avoir toujours agir pour le bien de son peuple. Réaliser que ce n'était pas le cas, fut un terrible choc. Il était la cause de l'arrivée de Dorian, ce maudit gracien qu'il a failli avoir, et qui était responsable de tant de souffrances pour beaucoup...

A son réveil, les yeux collés, la tête en vrac, il n'était plus dans la taverne. Mais, dans le refuge de la guilde. Comment avait-il fini ici ? Qui l'a retrouvé et accompagné dans ce lieu calme et sécurisé ? Aucun souvenir. Il se débarbouilla le visage, pris ses lames et après une lampée de rhum, puis il partit chasser, seul comme il le méritait à ses yeux...

Il sera difficile dorénavant de le revoir sourire à nouveau. Voir même, de le croiser ...

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