Une Brigade de Brigands

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Une Brigade de Brigands

Message par Cateric » ven. avr. 27, 2018 8:32 pm

Dans le nord à Elmore, une petite troupe de brigands sévit. On ne l'estime pas à plus de quatre ou cinq personnes, et pourtant celle-ci n'hésiterait pas à s'en prendre aux petites places fortes, elles-mêmes tenues par des brigands ou aux convois commerciaux. Qu'ils osent s'attaquer à des places fortes laissent entendre qu'ils ne sont pas du menu frottin de bas étage.
Les convois commerciaux attaqués sont surtout des convois militaires graciens et d'esclaves. On ne parle pas de résistance et ces petits actes mineurs ne font pas tellement de bruit au-delà du nord pour le moment si ce n'est une particularité qui a étonné quelques curieux. Sur chaque lieux des attaques, on retrouve toujours un drap blanc accroché à un bâton comme un drapeau. Celui-ci porte une tache de sang.
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Re: Une Brigade de Brigands

Message par Cateric » sam. avr. 28, 2018 12:56 pm

Une insaisissable troupe continue de sévir, mais avec plus d'aplomb désormais. On parle d'attaque des petites forteresses telles que la forteresse monastique, la forteresse démone ou la forteresse des marais. Le mode opératoire est toujours le même. L'attaque survient sans prévenir, est rapide et décisive. Les forteresses sont encerclés, puis une fois les portes enfoncées les garnisons sont passés aux armes jusqu'à devoir se rendre.
En plus du pillage en bon et dû forme des lieux, que ce soit en vivre, en armes, en munitions et en machines de guerre. Paraît-il que les hommes survivants ont toujours le choix entre suivre les brigands responsable de l'attaque, ou simplement être exécutés. Une autre version parle plutôt d'une libération accompagnée d'une mise en garde.
Cela n'a pas grand écho au-delà du nord, après-tout les forces gracienne sont assez occupées dans le sud et lorsque le Cénacle avait prit possession d'une forteresse dans le sud tout le monde l'avait ignoré. D'aucuns considèrent que ce n'est qu'une rixe entre bandes de hors-la-loi rivales pour le contrôle de territoire. Les forteresses sont en effet sous le contrôle de brigands depuis déjà longtemps. À noter cependant qu'aucune des forteresses attaquées sont investit par cette troupe qui demeure vraisemblablement sur les routes.
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Re: Une Brigade de Brigands

Message par Cateric » dim. avr. 29, 2018 2:09 am

Le château brigand... Un lieu oublié par les grands noms et les grandes instances d'Elmore, comme d'Aden, où était installée une relativement importante garnison de miliciens esclavagistes qui y entreposait leurs marchandises, comme du bétail dans d'horribles conditions. Ni loyaliste envers l'empire, ni loyaliste envers Gracia, cette force très organisée se chargeait surtout de convoyer les esclaves vers la cité Vampirique et ailleurs, moyennant finance bien sûr. Des marchands de viande qui n'avaient pas d'autres idéal que la fortune pour objectif. Si loin dans les monts enneigés du nord, au-delà même de Schuttgart, on se sentait très éloigné de la guerre et de ses problèmes. Une vie rude, dans un climat et une région inhospitalière, donnait l'illusion à ses habitants d'être hors d'atteinte des velléités moins matérialistes que celles des esclavagistes, qui trouvaient là refuge et fonds de commerce.

Cette nuit, peu avant le crépuscule, la garnison d'esclavagiste du château fut cependant rappelée à la réalité et cette fois le choc fut assez violent pour que sa rumeur se porte au-delà du nord, jusqu'en terre adennienne. Colportée par des esclaves libérés, qui filant vers le sud en un lieu précisément indiqué parce qu'ils ont appelé "La Brigade", ou "le camp Phoenix", ont répandu la rumeur et l'éloge d'un récit magnifié par l'espoir de ceux-ci et leurs gratitudes. Il est certain ou presque, que tout ce qui se raconte de cette aube-là, soit très embelli, mais qui va vérifier ? Nul ne sait combien d'esclaves furent libérés, combien parmi eux rejoignirent cette Brigade et combien se rendirent vers la terre où on leur promit qu'ils trouveraient ce qui leur manquerait. Ce qui est certain c'est que le château fut bel et bien attaqué et que sa garnison d'esclavagiste fut soumise en quelques heures seulement. Une fois de plus, le château fut pillé, dépossédé de toutes ses armes, de toutes ses armures, de toutes ses provisions et de toutes ses machines de guerre. Cependant, cette fois il est aussi certain que La Brigade ne fut pas aussi clémente qu'on le supposait à ses autres attaques. Les esclavagistes n'eurent que deux choix ; Rejoindre ceux qui venaient de les vaincre, et se battre aux côtés des esclaves qui acceptaient de bon gré la bannière blanche tachée de sang, ou être exécuté. Là encore, pas moyen d'avoir des chiffres....

L'histoire qui suit est une partie de celle raconté par les esclaves qui fuient vers le sud ;

Parler, c' est abuser ; penser, c'est usurper. La voix sert à se taire et l'esprit à ramper. Le monde est à plat ventre, et l'homme, altier naguère, doux et souple aujourd’hui, tremble.
Paix ! dit la guerre. On ne fait jamais la guerre que pour la paix en effet, une certaine, forme de paix. Et le château dans la plaine, plaine du givre face à la montagne croulait sous le paradoxe... Les montagnes toujours ont fait la guerre aux plaines. Et nous en étions à ce point dans la crise gracienne qu'une révolution de plus, c'était une guerre de moins. Désormais la mêlée était ordonnée, et le Phoenix blanc, fixé dans son immobilité, pressentait l'affrontement de masse en devenir. Pour ses hommes, la nuée de flèche n'était pas le plus terrible à poindre sur leur tête. Lever le bouclier et se mettre sur un genou était aisé, même pour un débutant des arts militaires, cependant, tenir une ligne de front au cœur misérable la fange humaine, lieu de débâcle et d'ignominie par lesquels les instincts primitifs de l'homme, ses pulsions reptiliennes s'expriment le mieux, c'était bien autre chose. L'attaque était parée, et alors ? Le meneur baissant le regard découvrit dans les yeux de ces âmes perdues le doute qui pesait sur leurs épaules. Crainte et dérive, la débandade pointait au donjon luxueux d'un palais aux allures impérieuses qui tombait maintenant en ruine. Il fixait ce cheptel de brebis armurées comme des guerriers, mais qui n'avaient de guerrier rien qu'un titre usurpé. Sacrifice de l'homme, leur sang pour leur idéal, à quelle grandeur ils se vouaient pour périr au fond de l'anonymat. Ainsi le Phoenix blanc remarquait-il la grandeur dans le cœur de ces brebis, et lui la blanche neige, décidait de céder à son empathie pour ne pas en venir à l’extrémité la plus regrettable. Allons bon, n'était-il pas maître de ces lieux tant que ses troupes s'y tenaient. La volonté trouve, la liberté choisit. Trouver et choisir, c'est penser. Lui, le Phoenix, était le penser, et eux, ses brebis, était l'instinct ; L'instinct, c'est l'âme à quatre pattes ; la pensée, c'est l'esprit debout. Le meneur, debout sur sa monture, maculée d'une blancheur pure, reflétait du brouillard lumineux dans lequel plongeait tout le monde un autre mage.
Puis, ce flot violent, qui emportait dans les cris, dernier souffle de vie, les archers qui se croyaient à l'abri. Ce tout sanglant et bruyant réuni mettait face aux brebis le spectacle de la guerre d'un degré supérieur. Pas encore au point culminant, le Phoenix blanc avait les regards portés sur lui, remplit d'espoir et de questions. Le meneur retirait son heaume, et offrit son visage sur l'autel de leur peur. Ces hommes qui relevaient le regard sur cet être incroyable, brillant dans la nuit comme dans le jour, pressentaient qu'enfin le meneur allait parler pour ne pas les voir tous déguerpir comme des parasites. Il avait au regard cette lueur quasi divine qui fit ressortir l'azur de ses innocents petits yeux. La voix de crécelle qu'il possédait était pure, une voix qu'on n'osait pas railler en pareille situation. Il ne hurlait pas, mais parlait distinctement, sans regarder nulle part, si ce n'était vers la brume lumineuse obstruant la vue de l'ennemi et la leur.

-Mes amis ! Ce siècle est la barre et vous êtes son témoin ! Par l'enfer vous craignez dont de périr ?! Ce n’est rien de mourir ! Ce qui est affreux c'est de ne pas vivre ! Vous êtes ici de votre gré, pas pour une solde, pas pour une médaille ! Vous êtes ici pour combattre ces hommes qui vous laissent tomber un pot de fleurs sur la tête d'un cinquième étage et qui vous disent : Je vous offre des roses (des rires suivirent). Vos ennemis tentent de repousser les hommes parce qu'ils n'ont su repousser leurs idées ! Voulez-vous continuer d'être le peuple cabré comme un âne ?! Le sang se lave avec des larmes et non avec du sang, alors venez avec moi les faire pleurer ! Il vient une heure où protester ne suffit plus ! Après la philosophie, il faut l'action ! La vive force achève ce que l'idée a ébauchée ! Venez dont soldats ! Venez dont rebelles ! Venez signer avec moi la reddition de vos tourmenteurs !

Il arrive que les mots manquent aux émotions... En amour, en haine, en guerre... Le Phoenix déclenchait l'émulation, et les hommes hurlaient la hargne qu'ils se découvraient en entendant charger l'ennemi, rejoints par les esclaves des caves ouvertes, qui entendirent l'écho d'une liberté qu'ils n'osaient se voir octroyer. Vraisemblablement, il était la cible privilégiée de l'ennemi qui l'avait repéré sur la hauteur de sa monture. Fallait-il s'en sentir flatté ? Le Phoenix ne passait pas autant de temps sur les détails de l’ego. Seul l'acte comptait, et maintenant que le verbe l'avait annoncé, on pouvait comprendre sans difficulté que le meneur choisissait l'affrontement au corps-à-corps. Son cheval se cabrait, tandis qu'il brandissait lui-même le sabre, et le hennissement de la bête fit office d'ordre de charge. Les rebelles désormais galvanisés, assoiffés du sang de leurs ennemis, commençaient à s'élancer, mais le meneur bondissait au-dessus d'eux sur sa monture, traversant la ligne de front d'un seul saut, les regards ébahis devant la performance réduisaient un peu la charge sur le coup... Mais un homme criait "SUIVEZ LE ! SUIVEZ-LE !" Qui le criait ? Peu importait, car le cri fut entendu et suivit. La situation pouvait alors se résumer ainsi : L'homme fort dit : je suis. Et il a raison. Il est. L'homme médiocre dit également : je suis. Et lui aussi a raison : il suit. Le Phoenix blanc n'attendait pas de ses hommes un exploit retentissant, il savait la main céleste, la main de "Dieu" trop peu clémente, trop... jouissive devant la difficulté et le carnage qu'elle imposait au commun des mortels. Victime de leur destiné, l'on pouvait devant l'événement considérer que si les grands hommes voulaient avoir raison demain, ils devaient mourir aujourd'hui...

Le Phoenix pénétrait la masse ennemi sur son cheval, avec violence il fallait le dire. Les coups de sabres fusaient en tout sens, mais avec précision et élégance. On pensait voir un chevalier à la parade, qui s’entraînait sur des mannequins de pailles avec les bouclettes aussi blanche que la cape pour ajouter de la poésie à l'hérésie. Têtes, mains, bras, et armes voltigeaient autour de lui et des cris de douleur on ne pouvait plus définir la source. Blanche Neige ne hurlait pas, mais le cheval lui, était épouvantablement agressif. Il hennissait parfois si fort qu'il en devenait effrayant et les coups rebondissaient sur son armure comme s'il fut aussi sûr de lui que celui qui le chevauchait. Les hommes ne tardaient pas à rejoindre la mêlée, et l'on se découvrait soi-même dans un entremêlement sanglant. On apercevait encore, de distance en distance, sur les petits monticules de membres de corps dont était parsemé le terrain, des groupes de fantassins pelotonnés pour résister aux attaques des rebelles qui fouillaient la vaste coure. Ces groupes étaient les débris d’un beau régiment étiolé déjà par la hardiesse de la blanche neige. Ils voulaient tenir bon, se cramponnaient au terrain, ne cédaient pas. On voyait encore un de ces hommes, petit, nerveux, sec comme une allumette, avec des jambes de cerf serrées dans des guêtres noires à boutons plats en cuivre jaune, montant jusqu’aux jarrets, criant, dans son exaltation : "capitaine, ils n’iront pas plus loin ! Ils n’iront pas plus loin, capitaine ! " et, du bout de son arme, il traçait une barre sur la terre. Vaine démonstration ; Les esclavagistes, il est vrai, n’allaient pas plus loin ; voyant le peu d’importance de ces groupes disloqués par le corps à corps, les rebelles les abandonnaient pour se jeter au fort de la bataille, pour prendre part à l’attaque principale contre les fantassins encore frais. Que devenir ?… Nul ne savait plus où était qui hormis le meneur par sa hauteur ; On ignorait où il puisait cette hardeur d'ailleurs mais elle rayonnait au point d’enivrer de passion guerrière les rebelles. Il ne pouvait plus venir à la pensée de reculer, et ce pour qui que ce fut. Car dans l'état des choses, reculer équivalait désormais au suicide.

Proche du château pour l'heure déserté. On apprit de visu qu'un homme n'avait pas eu le choix de se rendre ou non. Le chef des esclavagistes, avait eu droit à un traitement spécial. Puisqu'il considérait les hommes comme du bétail, il fut lui-même traité comme une bête, un message fort pour les esclavagistes du nord qui visait aussi à inviter les esclavages à rejoindre La Brigade, quoique tous n'allassent pas prendre cela pour un symbole de vertu... Ce chef esclavagiste fut en effet écorché, peut-être vivant... Sa peau rapidement tannée, puis accrochée à un petit arbre, avec la cape qu'il portait. Presque un rituel shilenniste certains diraient.
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Mais au-dessus du château, c'était le drapeau blanc, taché de sang, qui flottait.
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