Hameau & Réfugiés Rouagiens

[Eveara]

A l'Ouest de la Cité Orientale, le Hameau s'organise.

Au matin, des groupes de réfugiés ont quitté le Hameau pour explorer les alentours :
- le groupe le plus nombreux - une cinquantaine d'individus de tous âges, munis de paniers de fortune - fouille les environs à la recherche de denrées comestibles, et moins comestibles ;
- le second groupe - de taille plus modeste et constitué uniquement d'adultes robustes - ramasse des pierres le long de la rivière qui borde la Cité, et les rapporte jusqu'au Hameau ;
- enfin, le long de cette même rivière, de petits groupes de quatre ou cinq adultes se postent autour de cannes à pêche rudimentaires. On peut remarquer en les observant qu'au sein de chaque groupe, l'un des membres semble enseigner quelque chose aux autres.
Chaque groupe rentrera au Hameau lorsque le jour touchera à sa fin.

Vers la mi-journée, un chariot quitte la Cité Orientale pour le Hameau, avec à son bord :
- Deux énormes marmites en fonte, similaires à celles que les cantiniers utilisent pendant les campagnes militaires pour préparer la soupe des soldats ;
- De solides poutres de construction, prêtes à être débitées ;
- Des planches de bois tendre ;
- Des outils, vieux et usés, mais encore utilisables : haches, marteaux, scies, pelles...
Ces fournitures seront déchargées, puis rangées à l'abri - autant que faire se pourra, compte tenu de la place disponible. Le chariot repartira vers la Cité, puis reviendra un peu plus tard chargé de vivres.

Dans l'enceinte du Hameau :
- Les pierres apportées sont nettoyées et organisées par taille ;
- Des réfugiés de tous âges dégagent, à même le sol, deux carrés de terre d'environ cinq pas de côté - tous deux en bordure du Hameau, l'un à l'Ouest, l'autre à l'Est - pendant que d'autres taillent des piquets, et fabriquent des claies à partir de baguettes souples prélevées sur les arbres alentours.

A la tombée de la nuit, chacun cessera son travail pour profiter du repas du soir, préparé dans les marmites arrivées le jour même.

Fabriquer une claie à partir de bois brut
Clôtures et claies en saule / coudrier

[Eveara]

L'organisation du Hameau se poursuit.

Au matin, les mêmes groupes quittent le Hameau et poursuivent leurs activités au grand air.

Dans le Hameau lui-même,
- Autour des deux carrés de terre dégagés le jour précédent, les piquets sont peu à peu plantés à intervalles réguliers - puis les claies sont fixées sur ceux-ci pour commencer à former des clôtures ;
- Les planches reçues la veille sont sciées, puis assemblées à l'intérieur des carrés pour constituer ce qui ressemble à des abris - trop petits toutefois pour abriter des humanoïdes ;
- Au Nord, un talus naturel commence à être excavé, et les pierres rapportées depuis les environs y sont rassemblées et montées à sec - un début de structure, en demi-cercle, commence à apparaître.

[Eveara]

Ce matin-là, seul le groupe de pêcheurs quitte le Hameau, pour se rendre comme les jours précédents sur les berges de la rivière.

Dans le Hameau lui-même,
- Les deux carrés de terre sont désormais proprement clôturés. L'accès à l'intérieur des enclos se fait grâce à des portes, assemblées en utilisant les mêmes techniques qui furent utilisées pour réaliser les claies ;
- Les réfugiés commencent à ajouter, en haut des clôtures comme des portes, un surplomb incliné à 45° ;
- La construction des abris se poursuit, et ceux-ci commencent à prendre la forme reconnaissable de poulaillers - les copeaux et la sciure de bois produits durant ce travail sont récupérés et stockés avec soin ;
- Du côté du talus, un muret de pierres sèches s'élève désormais en demi-cercle, mais la construction se poursuit - pour le moment trop primitive pour qu'on puisse en deviner l'usage - des fondations supplémentaires commencent à être creusées.

Clôturer un poulailler
Bâtir un poulailler
Quelle litière utiliser pour les poulets

[Eveara]

Comme tous les jours, les pêcheurs quittent le Hameau pour rejoindre les berges de la rivière.

Dans le Hameau lui-même,
- Les deux poulaillers sont terminés, et n'attendent plus que l'arrivée des volailles qui y prendront bientôt leurs quartiers ;
- Du côté du talus, la structure en construction est désormais suffisamment avancée pour qu'on puisse reconnaître un four d'extérieur - il faudra cependant encore plusieurs jours avant qu'il ne soit complété, et prêt à l'usage ;
- Les fondations de l'autre structure, profondes, annoncent une construction plus sophistiquée.

Plusieurs réfugiés ont rapporté avoir vu des rats s'ébattrent librement dans l'enceinte du Hameau.

Fours d'extérieur
Maçonnerie en pierres sèches

[Eveara]

Extraits du journal de l'Intendante

'Ils montrent une force, un courage, colossaux - ce qui est d'autant plus admirable compte tenu de leur situation des plus incertaine. Ils ne reculent devant aucune tâche, aussi basse soit-elle, et semblent comprendre que le bien de tous passe avant les envies de chacun.
Les pêcheurs commencent à rapporter un peu de poisson, ce qui améliore l'ordinaire - et donc le moral ambiant - mais pas encore assez. Le volume de prises devrait augmenter aussitôt leurs apprentis un peu plus à l'aise avec les cannes. Et en parlant de cannes... Ça ne ferait de mal à personne de leur en fournir de meilleures, parce que c'est un miracle qu'ils arrivent à prendre quoi que ce soit avec leurs baguettes de coudrier. Ce qui en dit long sur leurs compétences...
Les enfants semblent ravis d'avoir bientôt des chats. Ils sont moins enthousiastes à l'idée de retourner à l'école. Mais cela n'arrivera pas avant que tout le monde soit rompu aux exercices d'évacuation. Je veux être absolument certaine qu'ils seront capables de tout abandonner en un instant, si la situation l'exige. Ou plutôt... Quand la situation l'exigera.'

[Fifi]

Dans la soirée six gardes permanant auraient été détacher par Litanie pour être mis au service du Hameau et aux ordres de Eveara.

La jeune Sombre aurait arpenté les ruelles de la cité Orientale et du Hameau une partie de la nuit visiblement d'une humeur massacrante.

[Eveara]

— Un miracle !... Madame !... C'est un miracle !...
Eveara posa sa plume, coinça entre deux incisives le brin de paille qu'elle mâchonnait, puis se tourna vers le messager pantelant. Celui-ci, plié en deux, les paumes calées sur ses rotules, haletait aussi fort qu'un soufflet de forge. Cet inconscient avait probablement courru à fond de train depuis le Hameau jusqu'à la Cité sans ménager ses forces. L'Elfe se leva pour remplir un verre d'eau, tout en taquinant du bout de la langue l'extrémité du brin de paille maintenu entre ses dents.
— Reszpirez, Szaulnier. Çza n'est pas le moment de calenchzer dz'une crisze cardiaque.
Elle lui tendit le verre, et attendit. De longues secondes s'écoulèrent, agaçantes, avant que le souffle du messager cesse de ressembler au ronflement d'un haut-fourneau. Il finit par relever sur elle des yeux émerveillés.
— Mais Madame, c'est un MIRACLE.
Eveara laissa échapper un soupir épuisé. Avant de répondre, elle se débarrassa du brin de paille toujours piqué dans sa bouche : autant retrouver une diction intelligible, de sorte à ne pas prolonger l'échange plus que nécessaire.
— D'accord, Saulnier : un 'miracle'. Et quel genre de 'miracle', je vous prie ?
— Un chargement est arrivé au Hameau, un qu'on n'attendait pas...
— Et ?
— ... et quand on l'a ouvert il y avait des CANNES, Madame, des cannes TOUTES NEUVES, des cannes SOLIDES, de bonnes cannes à pêche qui sont arrivées de NULLE PART !
Il s'empara du verre tendu et se mit à le vider à longues et bruyantes gorgées. L'Intendante renifla, perplexe. Les miracles, ça n'existait pas. Ces cannes arrivaient bien de quelque part, et avaient donc été expédiées par quelqu'un... Sourcils froncés, elle posa lors la seule question logique.
— Saulnier... Le chargement... Il y avait un manifeste ?
Sans cesser de boire, le messager extirpa de sous sa chemise un pli froissé, tâché de sueur. L'Elfe le saisit du bout des doigts, puis en brisa le sceau avant de le parcourir des yeux. Sa lecture terminée, elle se réinstalla devant son écritoire, et reprit sa plume.
— C'est bien ce que je pensais... Rentrez au Hameau, Saulnier. En MARCHANT. Faites remettre les cannes aux pêcheurs confirmés, ils sauront quoi en faire. Je passerai plus tard dans la journée.
Sans plus s'occuper de lui, elle ouvrit un registre qu'elle mit longuement à jour avant de le ranger. Puis, elle s'empara d'une feuille vierge et se pencha sur la rédaction d'une lettre, s'appliquant à couvrir le papier grenu de sa cursive anguleuse. Le messager avait quitté le Bureau du Cénacle depuis belle lurette lorsqu'Eveara releva soudain la tête et ajouta, dans le vide le plus total :
— Et arrêtez de m'appeler 'Madame' !

[Eveara]

Le Hameau est désormais opérationnel.

Matin et soir, un chariot fait l'aller-retour entre la Cité Orientale et le Hameau.

Chaque matin, des groupes de pêcheurs se rendent sur les berges de la rivière pour attrapper du poisson. Grâce aux cannes à pêche neuves reçues miraculeusement, leur rendement s'est nettement amélioré. Le poisson qui n'est pas consommé le jour même par la population locale est apporté au fumoir - dont la construction est achevée - où trois équipes se relaient nuit et jour pour pouvoir le conserver, l'emballer, puis l'expédier vers la Cité Orientale.

Tous les deux ou trois jours, des groupes de cueilleurs parcourrent les environs du Hameau à la recherche de denrées comestibles.

A l'intérieur du Hameau, les poulaillers ont accueilli quatre douzaines de volailles adultes, et deux fois plus de poussins. Devant le succès de l'opération, les autochtones parlent d'agrandir les poulaillers existants, voire d'en bâtir de nouveaux, moins provisoires.

Six vaches laitières ont rejoint l'étable, et sont menées chaque jour dans les prés proches pour pouvoir y paître. L'étable comportant encore quatre stalles vides, le troupeau pourrait s'agrandir dans le futur.

Le four d'extérieur fonctionne de l'aube jusqu'au crépuscule pour pouvoir cuire du pain destiné à être consommé sur place, préparé grâce aux chargements de farine qui arrivent chaque jour de la Cité par chariot.

Le plus grand des bâtiments du Hameau a été aménagé en cantine, où les repas sont quotidiennement préparés et servis grâce aux vivres fournies par le personnel de la Cave Orientale, livrées chaque matin.

Les chats nouvellement adoptés par la population locale patrouillent le Hameau, maintenant la population de rats sous contrôle.

Le moral des réfugiés rouagiens s'est nettement amélioré, même si tous attendent avec impatience le retour du printemps, et le lot d'opportunités que celui-ci apportera.

[Eveara]

Ce soir-là, l'Intendante se rendit au Hameau sans registre coincé sous son bras, et sans plume piquée dans son chignon.

Elle se mêla sans cérémonie aux réfugiés Rouagiens pour leur faire ses adieux, trouvant pour chacun un mot d'espoir et d'encouragement.

Puis elle s'en alla de la même façon qu'elle était arrivée, plusieurs semaines auparavant : dans la plus grande simplicité.